Jeanne Rongier
Mâcon, 1852 – Paris, 1929
Autoportrait en pastelliste, vers 1900
Huile sur toile
55 x 46 cm
Signé en bas à droite : J. Rongier
Née en 1852 à Mâcon, Jeanne Rongier se forme tout d’abord auprès du peintre Henri Sénart (1823-1881) dans sa ville natale avant de se rendre à Paris, où elle reçoit l’enseignement d’Henri Harpignies (1819-1916), membre de l’École de Barbizon. A l’âge de seize ans, elle expose pour la première fois lors du Salon de 1869, y présentant une nature morte à l’aquarelle. En 1874, alors élève d’Évariste Luminais (1821-1896), elle partage un atelier avec les peintres américaines Emily Sartain (1841-1927) et Florence Esté (1860-1926). Spécialisée dans les portraits et les scènes de genre, Jeanne Rongier expose ses toiles et pastels à Paris, au Salon de peinture et de sculpture, puis au Salon des artistes français, dont elle devient sociétaire en 1883, et dans divers salons de province. En 1893, elle fait partie de la délégation de femmes artistes françaises présentées à l’Exposition universelle de Chicago : elle réalise alors deux peintures La Rêverie et La Maternité, exposées au Pennsylvania State Building. Reconnue par ses pairs, elle reçoit, au Salon, une mention honorable en 1884 et une médaille de troisième classe en 1887, ainsi qu’une mention honorable à l’Exposition universelle de 1900 de Paris.
S’illustrant d’abord dans les scènes de genre historiques en peinture, Jeanne Rongier s’essaye, à partir des années 1880, au pastel. Ainsi, en 1889, elle en expose certains à l’Union des femmes peintres et sculpteurs, première société de femmes artistes en France, fondée par la sculptrice Hélène Bertaux (1825-1909) en 1881. Ses talents de pastelliste, notamment dans l’art du portrait, sont rapidement loués. Ainsi, un critique écrit en 1895 que « Mlle Rongier a voulu elle aussi aborder ce genre nouveau qui convenait bien à la nature de son talent. Elle en a tiré des effets d’une délicatesse et d’un charme infinis. Sous sa main habile la poudre impalpable a pris des tons d’une fraîcheur et d’un velouté auxquels atteint difficilement la peinture à l’huile[1] ». C’est dans cette activité de pastelliste que Mme Rongier décide de se représenter, âgée d’une cinquantaine d’années, autour de 1900. Dans son atelier, elle est assise devant un chevalet, son bras gauche tenant une boîte de pastels tandis que de sa main droite, elle applique un des bâtonnets sur la surface de la toile. Se tournant légèrement vers le spectateur, elle fixe ce dernier d’un regard pensif empreint de douceur. Dans cet Autoportrait, Jeanne Rongier se représente avec précision et sensibilité, cherchant à faire passer à la postérité son statut de femme artiste.
[1] P. Martin, « Les artistes de Saône-&-Loire aux Salons de Paris (1888-1801) », Annales de l’Académie de Mâcon, Société des arts, sciences, belles-lettres et d’agriculture, IIe série, tome XI, Mâcon, 1895, p. 35.


