Adrien Désiré Étienne dit Drian
Bulgnéville, 1885 – Pontoise, 1961
Femme à l’ombrelle, vers 1920-1925
Huile sur toile
97 x 130,5 cm
Signé en bas à gauche : Drian
Provenance
Galerie Devambez, Paris
Né en Lorraine, Adrien Désiré Étienne « monte » à Paris vers 1898. Il fréquente alors l’Académie Julian et commence à travailler sous le nom de Drian. Introduit dans le monde du théâtre et dans la meilleure société parisienne, il réalise, ici et là, des décors, des portraits, des paravents ou des miroirs peints. Mais c’est surtout comme illustrateur qu’il se fait connaître, collaborant à La Vie heureuse, la Gazette du Bon Ton, Fémina, Harper’s Bazaar ou réalisant des catalogues publicitaires pour les grands magasins. La femme, qu’il magnifiera dans Les Françaises et la guerre ou à travers l’actrice Cécile Sorel, l’éternelle parisienne, reste sa principale source d’inspiration. La séduction singulière de l’art de Drian convient également à l’illustration, du monde décadent de Jean Lorrain (Monsieur de Bougrelon) à l’univers symboliste de Henry de Régnier (La Canne de jaspe), du merveilleux des Contes de Perrault à la fantaisie de Sacha Guitry (Si Paris m’était conté).
A côté des illustrations, décors, cartons de tapisserie, dessins sur étoffes ou maquettes de meubles, Drian a également peint et dessiné au pastel et à l’aquarelle. L’artiste exécute essentiellement des natures mortes et des portraits mais également de grands formats comme notre Femme à l’ombrelle. Sur une rambarde de pierre, une jeune femme vêtue d’une ample robe rouge et tenant une ombrelle japonaise se détourne du spectateur pour regarder au lointain. On retrouve ici le don de Drian pour restituer les attitudes en suspens, esquisser un geste, donner un sens à l’éphémère. Sa technique accentue cette impression de légèreté : la préparation grise est à peine couverte de légers lavis. Notre peinture est probablement une étude préparatoire pour un grand paravent de 5 feuilles conservé en collection particulière[1], comme le laisse penser la similitude des sujets et le recadrage à mi-hauteur de notre toile. Nous retrouvons également la même figure, mais inversée, dans une peinture sur miroir exécutée par l’artiste vers 1929 pour décorer l’appartement de M. et Mme G. Shiff-Giorgini[2].
[1] Drian, Femme à l’ombrelle, paravent en 5 feuilles, 239 x 58 cm (New York, Christie’s, 7 juin 1996, n°126).
[2] Art et Industrie, revue générale des industries de luxe et des arts appliqués à la maison, Paris, mai 1929, p. 22.


