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Simone Barabino

Val Pocevera, vers 1584/1585– Milan, 1629

 

La Déploration sur le Christ mort, vers 1610

 

Huile sur toile

43,5 x 29 cm


 

Né à Val Polcevera, près de Gênes, Barabino fait un apprentissage chez Bernardo Castello, l’un des principaux peintres maniéristes de la ville. Mais la jalousie excessive de ce dernier entraine une rupture brutale de leurs rapports en 1605. Barabino s’installe alors comme peintre indépendant, obtenant rapidement du succès auprès des congrégations religieuses (La Cène, couvent franciscain de San Francesco Abbato de Pegli ou Saint Diego guérissant un enfant pour la basilique de la Santissima Annunziata del Vastato) et des particuliers (L’Adoration des bergers, Gênes, Palazzo Bianco). Toujours en butte à l’hostilité de Castello, Barabino décide de s’installer à Milan vers 1616 où il continue avec succès sa carrière, réalisant de nombreuses fresques pour les églises de la ville (Histoire de la Vierge à Sant’Angelo, 1619). Barabino ajoute également à son activité celle du commerce, notamment de fournitures pour artistes. Mais un procès pour dette l’envoie en prison où il contacte une maladie qui entrainera son décès à l’âge d’environ quarante ans.

 

Notre tableau, inédit, constitue une découverte importante pour la compréhension d’un artiste dont le nombre d’œuvres est très limité[1]. Notre composition peut cependant être rapprochée d’une peinture sur le thème de la Déploration sur le Christ mort, conservé en collection particulière)[2]. Dans notre composition, l’artiste dépeint le moment de deuil et de recueillement qui suit immédiatement la déposition de croix. Le Christ est tenu assis par Nicomède, tandis que la Madeleine, agenouillée, va laver les plaies de Jésus. De manière assez surprenante, la Vierge, une figure en général centrale de cette scène, est ici rejetée à l’arrière et se devine à peine dans le fond. Dans un format réduit, se combinent toutes les composantes de l’activité du jeune Barabino à Gênes. Le pathos des estampes nordiques, objet de ses méditations répétées, est éclairci par une douceur venant de son maître Castello et des premières œuvres de Bernardo Strozzi. La richesse de la gamme chromatique, agrémentée de couleurs irisées, doit beaucoup à l’étude de la Crucifixion, chef-d’œuvre de Barocci encore conservé dans la cathédrale de Gênes tandis le corps livide du Christ est probablement lié à l’observation de peintures lombardes de Cerano, Procaccini ou Morazzone visibles à Gênes. Tous ces éléments illustrent à merveille l’art inspiré par les principes maniéristes tardifs qui constitue la marque de l’artiste. 

 

Nous remercions le Dr. Piero Boccardo et le Pr. Francesco Frangi qui nous ont gracieusement confirmé l’attribution de cette peinture et nous ont généreusement fourni des éléments précieux pour la rédaction de cette notice.

 


[1] Sur l’artiste voir B. Suida Manning et R. Manning, « Notes on Genoese Paintings », Studi di storia dell’arte in onore di Antonio Morassi, Venise, 1971, p. 200-204 ; C. Carducci, « Simone Barabino e la cultura pittorica milanese », Studi di storia delle arti, n°4, 1982, p. 129-139 ; sous la direction de E. Poleggi, La Pittura a Genova e in Liguria dal Seicento al primo Novecento, Gênes, 1987, p. 120-121 ; sous la direction de P. Pagano et M. C. Galassi, La Pittura del ‘600 a Genova, Milan, 1988, ill. 60-66 ; A. Acordon, La Madonna del Rosario di Noceto presso Rapallo, negli esordi di Simone Barabino, Rapallo, 2001 ; A. Acordon, Il Dipinto di Simone Barabino in San Michele a Ruta e altri restauri nel territorio di Camogli, Gênes, 2004.

[2] A. Orlando, Dipinti genovesi dal Cinquecento al Settecento, ritrovamenti dal collezionismo privato, Turin, 2010, p. 34.



 
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