Christiaan Van Pol
Berkenrode, 1752 – Paris, 1813
Jeté de fleurs, vers 1800
Huile sur toile
46,5 x 39 cm
Christiaan van Pol appartient à la petite colonie d’artistes d’origine néerlandaise établis à Paris dès la fin de l’Ancien Régime et qui s’assurent un quasi-monopole de la peinture de fleurs jusqu’à la fin de l’Empire. Leur chef de file est Gérard van Spaendonck ; à ses côtés figurent son frère Cornelis, Jan Frans van Daël et Gerardus van Os. Il faut aussi mentionner le Flamand Pierre-Joseph Redouté, peintre de l’impératrice Joséphine, ainsi que Christiaan van Pol. Né le 14 mars 1752 à Berkenrode, près de Haarlem, van Pol séjourne à Anvers avant de se fixer à Paris en 1782. Là, il connaît un succès rapide comme peintre de fleurs et miniaturiste, grâce à un style abondant et précis, hérité de la grande tradition hollandaise et associé au goût néoclassique pour les lignes pures et les couleurs claires. Van Pol reçoit rapidement des commandes pour les Gobelins et prend part à la décoration des châteaux de Bellevue, de Chantilly et de Saint-Cloud. Il participe à l’Exposition de la Jeunesse en 1791 et, la même année, prend part pour la première fois au Salon ; il y est régulièrement présent jusqu’en 1810, essentiellement avec des tableaux de fleurs, dont certains sont réalisés sur marbre
Outre les importants tableaux représentant des bouquets de fleurs qui ont fait sa réputation, Christiaan van Pol exécute de nombreuses miniatures ainsi que des études florales d’une finesse et d’une précision qui témoignent de l’habileté de l’artiste. Ces œuvres sont presque toujours peintes sur un fond sombre, s’éclaircissant sur la partie droite. Elles ne semblent pas préparatoires à des bouquets et sont plutôt à considérer comme des œuvres achevées, sortes de documents à caractère botanique. On peut rapprocher notre tableau de deux études, Branche de lilas et Une tige de roses panachées, conservées au musée Calvet à Avignon[1], ainsi que d’autres pièces conservées en collections particulières[2]. Dans notre œuvre, van Pol s’attache à représenter, de gauche à droite, un prunus, un narcisse, une tulipe, une renoncule et une primevère. Dans cette composition particulièrement épurée, van Pol réussit à équilibrer les divers éléments avec une rigueur parfaite tout en évitant toute sécheresse. La palette restreinte, la sobriété de l’exécution et le rendu délicat des matières confèrent à notre tableau une poésie singulière. Comme souvent chez l’artiste, les fleurs sont en train d’éclore : cela permet d’apporter du volume à une composition très sobre qui se réduit à un fond sombre sur lequel chaque fleur se détache individuellement, sans rompre l’harmonie de l’ensemble. Cette étude florale, d’une très grande qualité d’exécution, illustre le goût de l’époque pour le raffinement et la poésie tirée de la nature, en accord subtil avec une exigence scientifique.
Nous remercions M. Fred Meijer, qui nous a aimablement confirmé l’attribution de cette peinture par courriel du 3 février 2024 et nous a fourni des éléments précieux pour la rédaction de cette notice.
[1] S. Boyer et F. Guillaume, Les Maîtres du Nord, catalogue raisonné, Avignon, musée Calvet, 2006, p. 165, n° 81 et 82.
[2] Voir notamment M. Faré, La Nature morte au XVIIIe siècle, Paris, 1976, fig. 502, p. 313, cinq études présentées par la galerie Richard Green en 1971 et des études passées en vente publique (Monaco, Sotheby’s, 2 décembre 1989, n° 363 ; Paris, Drouot (Ader Picard Tajan), 21 décembre 1994, n° 8 ; Londres, Christie’s, 4 juillet 1997, n° 288 et Troyes, Boisseau-Pomez, 28 mars 2004, sans numéro).


