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Auguste Xavier Leprince

Paris, 1799 – Nice, 1826

 

Vue d’une partie des fortifications de la ville haute de Provins, 1823

 

Huile sur toile

64 x 65 cm

Signé et daté en bas à gauche : Xavier Leprince / 1823

Au verso, marque du marchand de couleurs Alph. Giroux à Paris

 

Exposition

Salon de Douai, 6 au 30 juillet 1823, n°339

 

 

Avec Bonington et Michallon, qui disparaîtront également trop jeunes, Xavier Leprince est assurément l’un des artistes les plus attachants de sa génération. Né dans une famille d’artistes - son père, Anne-Pierre, et ses frères Léopold et Gustave sont peintres - Xavier semble avoir complété l’enseignement paternel auprès d’un amateur dénommé Avril. Il a vingt ans lorsqu’il est admis pour la première fois au Salon, où la Société des Amis des arts de Paris lui achète deux tableaux. Très vite, il devient le protégé d’Alexandre du Sommerard, fameux antiquaire et amateur de peinture moderne, dont il expose le portrait au Salon de 1822. Cette année-là, la duchesse de Berry achète ses Patineurs à l’issue du Salon. En 1826, Charles X acquiert deux tableaux importants, L’Embarquement des bestiaux dans le « Passager » à Honfleur et Le Passage du Susten en Suisse (Paris, musée du Louvre et musée des Arts décoratifs). Sa consécration est brève, car, au lendemain de Noël, Xavier Leprince meurt à Nice d’une maladie de poitrine. Le Salon de 1827 lui rend hommage : on y présente son Intérieur d’atelier (Madison, Chazen Museum of Art), terminé par son ami Eugène Lepoittevin, et L’Antiquaire (terminé par Charles-Caïus Renoux), pittoresque évocation d’Alexandre du Sommerard dans son intérieur plein de curiosités médiévales (non localisé). La peinture de Xavier Leprince dénote un sens rare de l’observation et une exceptionnelle facilité d’exécution qui auraient dû lui assurer la succession de Louis-Léopold Boilly.

 

C’est par l’intermédiaire d’Alexandre du Sommerard, qui découvre la cité de Provins en 1818, que Leprince est amené à visiter cette ville. En 1822, l’amateur-collectionneur publie un ouvrage consacré à l’ancienne capitale des comtes de Champagne, alors peu connue. Cette publication, Vues de Provins, dessinées et lithographiées en 1822 par plusieurs artistes, comprend 33 planches exécutées par Collin, Villeneuve, Deroy, Renoux, Xavier Leprince et son frère Robert, et attire l’attention sur l’important patrimoine médiéval de la ville, aujourd’hui inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Lors de son séjour à Provins, Xavier Leprince réalise une trentaine  de  dessins  consacrés aux principaux monuments de la ville, notamment aux murailles, aujourd’hui conservés au musée du Louvre (inv. FR 13661,23 et FR 13661,47). Ils serviront à l’artiste pour l’exécution de ses lithographies et lui seront également utiles pour la réalisation ultérieure d’œuvres indépendantes consacrées à Provins, comme notre toile.

 

Signé et daté 1823, notre tableau montre une portion de l’enceinte de la ville haute, construite entre 1226 et 1314. Leprince s’attarde ici sur un tronçon sud-ouest de la muraille, entre la tour du Gouverneur et la tour aux Engins. Comme le dit si justement Alexandre du Sommerard dans son ouvrage de 1822 : « L’œil parcourt avec étonnement cette longue suite de tours (ou tournelles) de diverses formes, garnies de lierres et de pampres séculaires, et dont l’élévation, modifiée dans la hauteur par l’écroulement des sommités, et dans la base par l’enfouissement occasionné par ces éboulements mêmes, varie encore entre cinquante et soixante pieds. » Dans le fossé et sur le talus, Leprince place, comme à son habitude, divers personnages pittoresques : une vachère et ses vaches, un berger et son troupeau de moutons, une paysanne accompagnée de son fils et de son chien, en conversation avec un voyageur. Exposée au Salon de Douai l’année de son exécution, l’œuvre valut à Leprince une médaille d’argent. Notre tableau a probablement été précédé d’une esquisse à l’huile sur papier, qui figure dans la section « Études peintes » de la vente après décès de l’artiste à Paris, les 12-14 mars 1827 (n° 74 : « Partie des fortifications de la Ville-Haute, à Provins » - non localisé).



 
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