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Jean-Baptiste Langlacé

Paris, 1786 – Versailles, 1864

 

Vue du château de Chantilly en 1825

 

Huile sur papier marouflé sur toile

27,5 x 42,5 cm

Signé en bas à gauche : Langlacé

Cartel sur la cadre : Langlacé / Chantilly en 1825


 

Si l’on ignore tout de la formation de Langlacé, l’artiste commence à travailler à la manufacture de Sèvres à partir de 1807 et deviendra l’un des peintres les plus célèbres de l’institution, alors dirigée par Alexandre Brongniart (1800–1847). Langlacé réalise de nombreuses œuvres préparatoires pour les services de porcelaine : la Cité de la céramique de Sèvres conserve une Vue prise des hauteurs de Sainte-Catherine qui fut transposée sur porcelaine pour former le fond du plateau du déjeuner des Vies de Rouen en 1837. À côté de son activité à la manufacture, Langlacé entame également une carrière de paysagiste, exposant au Salon entre 1817 et 1845. À l’issue de sa première participation au Salon de 1817, un critique anonyme définit ainsi les sujets traités par Langlacé : « Ses tableaux ne sont pas des paysages exotiques ; l’artiste n’a pas mis à contribution la Suisse et l’Italie ; il a trouvé à la porte de Paris une belle nature : c’est une Vue des environs de Ville-d’Avray, une Vue des environs de Sèvres, une Vue du château de Saint-Cloud »[1]. Voilà tracée la veine qu’il suivra tout au long de sa carrière : la région parisienne constituera la source principale de son inspiration. On connaît ainsi de l’artiste une Vue du Pavillon de Breteuil à Saint-Cloud, conservée au musée des Avelines de Saint-Cloud, ou encore La Plaine Saint-Denis, vue des hauteurs de Montmartre, au musée du Domaine départemental de Sceaux.

 

Principale propriété de la famille de Condé depuis le XVIIe siècle, le château de Chantilly est confisqué au prince Louis-V Joseph de Bourbon-Condé après son départ en exil en 1792. Vidé de son contenu, le château est converti en prison et les jardins dessinés par Le Nôtre sont transformés en friche. Puis le domaine est loti et vendu progressivement : en 1799, les adjudicataires du château, Damoye et Boulée, entreprennent de le démolir pour récupérer les matériaux de construction. Seuls sont épargnés le Petit Château et les Grandes Écuries. Sous l’Empire, Chantilly est inclus dans l’apanage d’Hortense de Beauharnais, qui possède à proximité le château de Saint-Leu. La propriété est récupérée par le prince de Condé en 1815, lors de son retour d’exil ; il entreprend alors quelques travaux de restauration, mais sa disparition, trois ans plus tard, stoppe le chantier. Les travaux sont repris par son fils Louis-VI Henri-Joseph (1756–1830), puis par son héritier, le duc d’Aumale, jusqu’à son propre exil en 1848.


L’état du domaine entre 1810 et 1848 est peu documenté, mais des vues ont été réalisées par Alexandre-Hyacinthe Dunouy (1757–1841), vers la fin de l’Empire (Chantilly, château de Chantilly), et par Nicolas-Alexandre Barbier (1789–1864), vers 1848 (Paris, musée du Louvre, dépôt à l’Assemblée nationale). Notre tableau de Langlacé, datée de 1825 sur le cartel du cadre d’origine, permet d’avoir une vision de l’état du domaine au cours de la Restauration. L’artiste se place assez loin du château, ce qui lui permet d’englober les pavillons d’entrée, avant la restauration de la grille d’honneur, et le Petit-Château ou la capitainerie, élevée par Jean Bullant au XVIᵉ siècle. Du grand château, il ne subsiste qu’un soubassement, visible sur la droite du tableau. Par rapport à la vue de Dunouy, on note que la pièce d’eau a été curée, le parc replanté et le petit jardin dit « de la Volière », situé à gauche du château, redessiné. Plus tard, la toiture sera refaite, comme on peut le voir sur le tableau de Barbier (fig. 2). Mais Chantilly ne retrouve sa splendeur passée qu’avec les grands travaux entrepris par le duc d’Aumale après 1870, quand il fait élever le nouveau château par l’architecte Honoré Daumet.

 


[1]  F. Miel, Essai sur le Salon de 1817, Paris, 1817, p. 336. 



 
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