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Noël Hallé

Paris, 1711 – 1781

 

L’Aurore répandant des fleurs, vers 1758

 

Huile sur papier marouflé sur carton

Papier 28,3 x 37,2 cm, carton 29 x 38,5 cm

Annoté au verso  d’une écriture ancienne : N°118 Deux esquisses terminées sujets de la / fable de 11 p. de haut pour 14 p. de largeur / sur carton


Bibliographie 

N. Willk-Brocard, Une dynastie, les Hallé, Paris, 1995, n° 72a, p. 394-395


 

Petit-fils du peintre rouennais Daniel Hallé (1614–1675) et fils de Claude-Guy Hallé (1652–1736), Noël Hallé entreprend d’abord des études d’architecture avant de devenir l’élève de son père, puis de Jean Restout, son beau-frère. Premier grand prix de Rome en 1736, il séjourne sept ans à l’Académie de France à Rome. Reçu membre de l’Académie en 1748 avec La Dispute de Minerve et de Neptune (Paris, musée du Louvre), il gravit ensuite tous les échelons de l’institution dont il est l’un des éléments les plus actifs : professeur en 1755, trésorier en 1776 et recteur en 1781. En 1775, Hallé est envoyé à Rome pour réorganiser l’Académie de France, négligée depuis des années par Natoire, et dans le but de préparer l’arrivée de Vien ; il est fait chevalier de l’ordre de Saint-Michel en récompense du succès de cette mission. Artiste doué d’une grande facilité, Hallé s’adonne à tous les genres : peintre d’histoire, il reçoit des commandes royales pour Trianon, pour Choisy et pour le Petit Trianon ; peintre religieux, il exécute de grandes toiles pour différents établissements ecclésiastiques tels que Saint-Sulpice, Saint-Louis-en-l’Île ou l’église Saint-Louis de Versailles. Son style, aisément identifiable - figures allongées et compositions volontairement déséquilibrées - prolonge, jusque tard dans le XVIIIᵉ siècle, un maniérisme raffiné.

 

Comme la plupart des artistes de son temps, la production de Noël Hallé se partage entre les grandes compositions religieuses et des œuvres décoratives - en général des dessus-de-porte à sujets mythologiques ou allégoriques - destinées à orner les demeures parisiennes. C’est à cette dernière production que se rattache notre esquisse. Elle prépare une allégorie de L’Aurore, signée et datée 1758, dont la localisation est inconnue. De l’esquisse au tableau, peu de différences : Hallé modifie et agence plusieurs détails, tels les crinières des chevaux ou les fleurs lancées par l’Aurore. Notre étude prend aussi en compte la forme chantournée de l’encadrement où devait être placée la composition. Signalons ici l’existence d’une seconde esquisse, très proche dans la composition de notre étude mais ne prenant pas en considération l’encadrement rocaille. Cette répétition des esquisses est une constante chez Hallé : comme ses contemporains et pour faire face à la demande de sa clientèle, l’artiste avait l’habitude de répéter ses propres compositions à succès en y apportant quelques variantes.

 

Pour évoquer la figure de l’Aurore, Hallé puise dans le fameux ouvrage de Cesare Ripa, Iconologia, et représente une jeune femme aux joues roses, portée par un char attelé à deux chevaux. Pourvue de deux ailes et vêtue de bleu et de blanc, elle répand des fleurs sur la terre de la main gauche, tout en tenant les rênes de son char de la main droite. Un amour à ses côtés verse la rosée à l’aide d’un arrosoir — une trouvaille iconographique qui n’apparaît pas chez Ripa. Dans cette esquisse, Hallé démontre une nouvelle fois ses facilités d’exécution : avec une touche grasse, large et empâtée, un coloris clair où des tonalités pastel se mêlent à des teintes parfois vives, acides et d’aspect porcelaine, une atmosphère aérienne, légère et lumineuse, et une composition au cadrage serré ordonnée par des obliques, notre esquisse s’inscrit pleinement dans l’art rocaille.

 

Nous remercions Mme Nicole Willk-Brocard, spécialiste de l’artiste, qui nous a aimablement confirmé l’autographie de cette peinture et nous a généreusement fourni des éléments précieux pour la rédaction de cette notice.

 


[1]  Huile sur toile, 1,15 x 1,56 m, signé et daté 1758 (N. Willk-Brocard, op. cit., n° 72, p. 394-395). 

[2] Huile sur toile, 31 x 40,5 cm (Séville, Arte, 23 mai 2012, n°421 puis Paris, commerce d’art).



 
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