Eustache-François Duval
Paris, 1760 ou 1769 - 1836
Deux portraits d’homme, 1790 et 1793
Huile sur panneau
15 x 12,5 cm
Le premier, signé et daté en bas à droite : f. Duval / 1790
Le second, signé et daté en bas à gauche : f. Duval / 1793
Annoté au dos à l’encre : appartient à la citoyenne Lavit, rue de la Victoire nationale n°19 – il partit le 27 8bre 1793 à 10h du soir – prêté le 6 fructidor 500000
Exposition
probablement Salon de 1793, n°326 (Quatre petits portraits)
François Duval se forme dans sa ville natale auprès du peintre d’histoire Nicolas-Guy Brenet (1728–1792), puis du paysagiste Jean-François Hue (1751–1823). N’ayant jamais intégré le cursus académique, Duval commence sa carrière en exposant place Dauphine, aux expositions dites « de la jeunesse ». Ces expositions annuelles, organisées depuis 1722, étaient des présentations libres de peintures en plein air, à l’angle de la place Dauphine et du Pont-Neuf, le jour de la Fête-Dieu. Là, entre 1784 et 1789, Duval montre des natures mortes et des paysages. À partir de 1793, avec l’ouverture du Salon à tous les artistes, Duval expose au Louvre. S’il est aussi portraitiste, Duval se spécialise surtout dans le paysage et la scène de genre, qu’il pratique jusque dans les années 1830. On connaît ainsi de lui Passage du gué, signé et daté 1795 (collection particulière), ou Entrée des Champs-Élysées (Salon de 1831 ; Nantes, musée des Beaux-Arts).
Outre son activité de paysagiste, Duval a également réalisé des portraits, le plus souvent dessinés. Il participe ainsi — aux côtés de Jean-Michel Moreau, Charles-Toussaint Labadie ou Antoine-Jean Gros — à la réalisation de la Collection complète des portraits de MM. Les députés à l’Assemblée nationale de 1789, publication menée entre 1789 et 1791 chez l’éditeur Dejabin ; les dessins et les estampes de cette vaste entreprise sont conservés à la Bibliothèque nationale de France. Le musée Carnavalet conserve par ailleurs un portrait d’homme signé et daté 1792 (fig. 3)[1]. Nos deux portraits sont datés 1790 et 1793, c’est-à-dire de la même période ; ici, l’artiste représente deux hommes en buste et en pendant, peut-être membres d’une même famille. Le premier personnage, peint en 1790, porte une veste verte sur un gilet brodé, orné d’un jabot et d’un foulard noir, et sa tête est coiffée d’un tricorne noir. Le second, daté 1793, est tête nue mais revêtu d’un habit militaire aux couleurs révolutionnaires et emmitouflé dans un manteau chaud fourré. Ce dernier tableau porte au verso une annotation intéressante : « appartient à la citoyenne Lavit, rue de la Victoire nationale n°19 – il partit le 27 8bre 1793 à 10h du soir ». En 1793, la France traverse la Terreur, sous la férule du Comité de salut public et de Robespierre ; c’est aussi une période de guerre continue, extérieure contre les monarchies européennes et intérieure contre les Vendéens. Notre portrait représente donc probablement le citoyen Lavit au moment de son départ pour les armées, à l’automne 1793.


