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Giovan Battista Beinaschi

Giovan Battista Beinaschi

Fossano, 1636 – Naples, 1688

 

L’Immaculée Conception, vers 1680

 

Pinceau et lavis d’encre de Chine sur préparation à la pierre noire

840 x 425 mm

 

 

Après une première formation auprès du peintre savoyard Esprit Grandjean, actif à la cour de Turin à partir de 1642, Beinaschi s’installe en 1652 à Rome, où il entre dans l’atelier de Pietro del Po. Il y pratique le dessin et copie notamment les fresques des Carrache à la galerie Farnèse et celles de Lanfranco à Sant’Andrea della Valle. Selon son biographe Bernardo de Dominici, l’artiste aurait complété sa formation par un voyage à Parme, afin d’y étudier les fresques du Corrège. En 1664, il s’installe à Naples et participe à d’importants chantiers, à San Nicola alla Dogana - où il peint un cycle consacré à la vie de saint Nicolas -, à Santa Maria degli Angeli, au Gesù Nuovo ou à Santa Maria la Nova (fin des années 1670). Durant un séjour à Rome de deux ans à partir de 1678, Beinaschi concours notamment, sous la direction de son ami Giacinto Brandi, au décor de l’église San Carlo al Corso. Dans la dernière partie de sa carrière, à Naples, l’artiste s’impose dans le domaine de la peinture décorative. Le Paradis (1681) de la coupole des Santissimi Apostoli assoit sa réputation. L’artiste reçoit ensuite des commandes pour l’église des Girolamini, la chapelle du Santissimo Crocifisso du Gesù Nuovo ou pour Santa Maria delle Grazie a Caponapoli.

 

Dès 1742, Bernardo de Dominici souligne l’importance du dessin pour Beinaschi qui « avec peu de traits, esquissés le plus souvent au fusain sur papier foncé, et de crayon blanc pour le rendu de la lumière, saisissait des éléments de la nature, et dessinait ce qui lui venait à l’esprit, étant, comme nous l’avons dit, très habile à inventer »[1]. Ici, l’artiste représente dans la partie haute de notre feuille l’Immaculée conception entourée d’anges. Dans le registre médian, les trois vertus théologales du christianisme, la Foi, la Charité et l’Espérance sont accompagnées de la Justice. Dans la partie inférieure, une dizaine de saints entourent un écu couronné mais vide d’armes. La vue d’ensemble da sotto in su et la découpe de la feuille polylobée laissent penser que cette étude pourrait être préparatoire à une œuvre plafonnante – fresque ou tableau –, destinée à une chapelle ou une église mais qui ne semble pas avoir été réalisée. Une copie de cette feuille, réalisée dans l’atelier de l’artiste se trouve conservée au Museum Kunstpalast à Düsseldorf[2].

 

Beinaschi choisit de représenter les personnages dans des positions variées dont les raccourcis savants créent une véritable dynamique. Témoignant de l’influence de Lanfranco et du souvenir de Corrège, l’artiste montre sa prédilection pour les lignes brisées, les formes tourbillonnantes, l’ample gestuelle des protagonistes et les draperies flottantes. Le mouvement des corps et notamment des anges virevoltant autour de la Vierge se trouve accentué par le jeu subtil de la lumière, matérialisée par le blanc du papier laissé en réserve qui renforce les audacieux raccourcis et participe à l’élan des personnages. Comme souvent dans son corpus graphique, Beinaschi choisit de travailler sur un grand format, collant deux feuilles de papier ensemble, ce qui accentue l’effet monumental de la scène. Notre feuille peut être rapprochée d’une Assomption de la Vierge, conservée au musée du Louvre (inv. RF 29773) et préparatoire à une fresque de Santa Maria del Suffragio à Rome, peinte vers 1678-1680. Datable de la même période, fin de la période romaine et début du second séjour de l’artiste à Naples, notre dessin est typique de cet art du baroque tardif auquel laquelle Beinaschi participe amplement à Rome puis à Naples.

 

Nous remercions Monsieur Francesco Grisolia, spécialiste de l’artiste, qui nous a aimablement confirmé l’attribution de ce dessin par un email daté du 23 novembre 2020 et nous a généreusement fourni des éléments précieux pour la rédaction de cette notice.

 


[1] B. De Dominici, Vite dei pittori, scultori ed architetti napoletani, Naples, 1742, vol. III, p. 280.

[2] F. Grisolia, I Disegni di Giovan Battista Beinaschi nella collezione della Kusntakademie Düsseldorf al Kunstpalast, Düsseldorf, 2019, n°173, p. 216-217.



 
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