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Federico Zuccaro

Sant’Angelo in Vado, 1540 – Ancône, 1609

 

Un groupe de Vierges, vers 1576-1579

 

Plume et encre brune, lavis brun

233 x 230 mm

 

Œuvre en rapport

Dessin préparatoire pour le Jugement universel (section nord-ouest), décor de la coupole de Santa Maria del Fiore, Duomo de Florence

 

 

L’un des peintres les plus importants et influents de la fin du XVIe siècle en Italie, Federico Zuccaro se forme dans l’atelier romain de son frère aîné Taddeo dès l’âge de dix ans. Entre 1560 et 1563, il assiste son frère pour la décoration du Casino de Pie IV et du Belvédère au Vatican. Il passe les trois années suivantes à Florence et à Venise, où il réalise la décoration à fresque de la chapelle Grimani dans l’église San Francesco della Vigna, avant de retourner à Rome. Après la mort de Taddeo en septembre 1566, Federico mène à bien de nombreux projets inachevés par son frère, notamment les cycles de fresques du Palazzo Farnese à Caprarola et de la Sala Regia du Vatican. L’artiste passe une grande partie de sa vie à voyager, appelé à répondre à de nombreuses commandes en Italie et séjourne successivement à Florence, Orvieto, Venise, Urbino, Pavie, Mantoue et Turin ; son activité intense le conduit également dans d’autres pays tels que la France, les Flandres, la Grande Bretagne et l’Espagne. En 1585, il est ainsi invité par Philippe II en Espagne, où il peint huit toiles pour le maître-autel de la basilique de San Lorenzo à El Escorial. Élu premier prince de l’Accademia di San Luca à Rome en 1593, Zuccaro continue de recevoir d’importantes commandes à la fin de sa carrière. Il se fait construire un beau palais à Rome, qui abrite aujourd’hui la Biblioteca Hertziana.

 

En 1445, la coupole de Santa Maria del Fiore, la cathédrale de Florence, est achevée sur un dessin de Filippo Brunelleschi. L’architecte avait laissé l’intérieur de la coupole plâtré, en attente d’un décor de mosaïque. Pourtant, un siècle après sa mort, le projet de remplir cet espace vide est resté lettre morte, peut-être parce que des doutes sont apparus sur la capacité du dôme à supporter le poids de millions de tesselles de mosaïque, ou plus simplement parce que l’entreprise semblait surhumaine. Un tournant se produit en 1572, lorsque le grand-duc Cosimo Ier décide d’achever la rénovation de la zone du presbytère de la cathédrale et confie la décoration picturale de la coupole à son fidèle peintre de cour, le vieux Giorgio Vasari. La commande était titanesque non seulement par ses dimensions, mais aussi par son programme iconographique, dont est chargé l’un des plus grands intellectuels de l’époque, Vincenzo Borghini. Ce dernier et Vasari imaginèrent donc comme thème central le Jugement dernier, écho de celui du Baptistère et en même temps inspiré de celui, plus célèbre, de la Chapelle Sixtine, agrandi et corrigé en fonction des nouvelles règles du Concile de Trente. Mais en juin 1574, deux ans après avoir commencé l’ouvrage, Vasari meurt, deux mois après le grand-duc Cosimo Ier, son mécène et patron.

 

Son successeur, Francesco Ier, fait appel à un peintre déjà célèbre, mais étranger à la culture florentine et vasarienne, Federico Zuccaro, pour achever le cycle en 1576. Zuccaro se lance dans l’entreprise avec un esprit de rupture avec Vasari, bien que dans les limites définies par Borghini. Utilisant la détrempe plutôt que la fresque florentine, l’artiste travaille rapidement. Sa vitesse d'exécution permet à Zuccaro de terminer l’œuvre en 1579, en trois ans seulement : environ 700 personnages peints sur plus de 3 600 mètres carrés de surface. Au centre, le Christ Juge apparaît entouré d’une cour composée d’une infinité d’allégories, ainsi que de myriades de saints, de bienheureux, de damnés, d’anges, de démons et de prophètes, organisés selon un sens de lecture à la fois vertical (par ordre de segments) et horizontal (par ordre de registres concentriques superposés).

 

Ce chantier monumental a été préparé par de nombreux dessins dont une grande partie est perdue. Mais des feuilles préparatoires sont aujourd’hui conservées dans les plus grands musées (Florence, Uffizi ; Oxford, Ashmolean Museum ; Paris, musée du Louvre ; Vienne, Albertina ; etc.) et dans des collections particulières. Notre dessin, inédit, est préparatoire pour la section nord-ouest, deuxième registre en partant du haut sur laquelle sont regroupés des religieux et des vierges (fig. 1). Ici, Zuccaro étudie tout particulièrement le groupe des vierges. La figure centrale et ses voisines immédiates regardent vers le haut de la coupole la figure du Christ tandis que deux vierges sur la gauche semblent s’interpeller pour s’assurer de la réalité de leur vision. Comme toujours chez Zuccaro, le composition est claire, peu dramatique, pour répondre aux exigences de l’Église catholique post-tridentine. Notre feuille constitue donc un ajout important pour comprendre l’élaboration de ce gigantesque chantier qu’a été le Jugement dernier.



 
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