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Giulio Cesare Bedeschini

L’Aquila, 1582 – 1627

 

La Résurrection de Napoleone Orsini par saint Dominique, vers 1620

 

Plume et encre brune, lavis d’encre brune, rehauts de craie blanche

415 x 29 mm

 

Provenance

Marque d’une collection non identifiée (Lugt 2715b)

 

Exposition

Giulio Cesare e Francesco Bedeschini, Disegno e invenzione all’Aquila nel Seicento, L’Aquila, MuNDA, 2024, n°II-24

 

 

Originaire de Plaisance, la famille Bedeschini di Rastello arrive à L’Aquila vers 1573, à la suite de Marguerite d’Autriche, fille naturelle de Charles-Quint et épouse d’Octave Farnèse, duc de Parme, qui est nommée gouvernante des Abruzzes par Philippe II d’Espagne. On ne sait rien de la formation initiale de Giulio Cesare mais elle a dû se dérouler entre Florence et Rome, peut-être dans l’atelier de Lodovico Cardi dit Il Cigoli, autour de 1600. De retour dans sa cité natale, il fonde un atelier avec son frère ainé Giovan Battista. En 1607, Giulio Cesare signe un Massacre des innocents pour la cathédrale des Santi Massimo e Giorgio de L’Aquila (L’Aquila, MuNDA). A partir de cette date, le peintre devient le principal artiste de la ville, exécutant surtout des toiles pour les différentes églises de la région. L’artiste entretient des relations suivies avec l’ordre des Barnabites et c’est probablement par ce biais là que Bedeschini reçoit des commandes pour des toiles religieuses destinées à Rome ou Loreto. Également fresquiste, Giulio Cesare réalise son œuvre la plus connue en 1625, le décor peint de la chapelle Branconio à San Silvestro. De son mariage en 1621 avec Cecilia Curti Gentile, naitra en 1626 son fils Francesco qui prendra la suite de son père, disparu peu de temps après la naissance.

 

Notre feuille représente l’un des épisodes hagiographiques les plus connus relatifs à saint Dominique : en présence d'une cour divine composée de la Vierge et des saints Charles Borromée et François d'Assise, le fondateur de l’ordre ressuscite Napoleone Orsini, mort à la suite d’un accident de cheval. Au premier plan, le jeune homme, rappelé à la vie par le saint, se relève, à la stupéfaction des spectateurs. Dans le fond, l’artiste choisit de représenter également la cause du décès de Napoleone Orsini, une chute de cheval. Clarté de la composition et respect de l’épisode sacré sont les caractéristiques de l’art de Bedeschini, fortement inspiré par les principes narratifs issus des réformes du Concile de Trente. On retrouve des éléments très proches de cette composition – pose du saint et du jeune agenouillé – dans le tableau Saint Bernard de Sienne soignant un boiteux conservé dans l’église San Francesco de Corciano.

 

D’un grand format, notre feuille constitue l’un des exemples les plus achevés de l’art graphique du peintre. Exécuté finement à la plume et à l’encre brune avec de nombreuses reprises des ombres au lavis d’encre brune et d’abondants rehauts à la craie blanche, ce dessin est parfaitement fini et mis au carreau. Il doit s’agir d’un dessin de présentation pour une commande inconnue dont on ignore si elle a été exécutée. Cette commande pourrait être une pala d’altare pour une église dominicaine mais aussi une estampe de grand format consacrée à la vie de saint Dominique. Sur notre dessin, il faut remarquer un détail intéressant, la présence sur l’épaule de Napoleone d’un écu composé d’un lys et d’un lambel. Il semblerait que ce blason soit une marque de la famille Bedeschini, faisant allusion à leurs racines émilio-romanes : le lys est issu des armoiries des Farnèse, ducs de Parme tandis que le lambel (ou rastrello en italien) serait une référence à la ville de Rastrelli, proche de Piacenza, dont seraient originaires les Bedeschini[1]. On retrouve ces « armoiries » sur de nombreux tableaux de l’artiste, comme sur certains dessins très achevés et ils sont toujours la marque de la haute qualité et du caractère autographe de l’œuvre en question.

 

Nous remercions Mmes Catherine Monbeig Goguel et Simonetta Valenti Prosperi Rodino qui nous ont aimablement confirmé l’attribution de ce dessin et nous ont fourni des éléments précieux pour la rédaction de cette notice.

 


[1] Voir Giulio Cesare e Francesco Bedeschini…, op. cit., p. 28-29.



 
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