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Gustave Doré

Strasbourg, 1832 – Paris, 1883

 

Le Sabbat des sorcières, Macbeth, vers 1880

 

Pierre noire, fusain, plume, encre de Chine, aquarelle et gouache

578 x 434 mm

Signé en bas à gauche : G. Doré

 

Provenance

atelier de l’artiste

Mme Michel-Doré, nièce de l’artiste

 

Bibliographie

H. Leblanc, Catalogue de l’œuvre complet de Gustave Doré, Paris, 1931, p. 503

 

 

En son époque, Gustave Doré fut certainement l’artiste français le plus renommé à l’étranger. A l’âge de trente ans, il annonce son intention de publier tous les chefs-d’œuvre de la littérature illustrés par ses soins. Commencée en 1861 avec L’Enfer de Dante, cette série de livres illustrés de grand format constituera un œuvre colossal auquel Doré travaillera intensément toute sa vie. A côté de son œuvre d’illustrateur, Doré exécute également des peintures et des sculptures qu’il expose dans la Doré Gallery de Londres. Lorsqu’eut lieu en 1885, deux ans après la mort de Gustave Doré, la vente de son atelier, plus d’une centaine de dessins et aquarelles y figuraient, ne constituant qu’une petite partie d’une production dont l’importance est encore impossible à estimer. Malgré cette abondance, cette expression particulière de son art reste peu connue. A l’inverse de l’acharnement que Doré mettait à valoriser ses estampes, ses livres illustrés et ses peintures, il n’attachait que peu d’importance à ses dessins.

 

Peu de temps avant son décès, Gustave Doré échafaude un projet ambitieux pour l’illustration de Macbeth de Shakespeare qui devait marquer le couronnement de sa carrière. Il écrit à ce sujet à son éditeur anglais Cassel : « Mon intention est de faire du Shakespeare mon chef-d’œuvre ; d’ajouter aux grandes planches indépendantes du texte une foule d’illustrations moindres en faisant partie, comme par exemple, au commencement et à la fin de chaque acte, dans les sonnets et même dans la vie de Shakespeare qui servira de préface. Enfin mon idée serait d’annoncer mille dessins – pas un de trop pour un sujet si vaste et puis mille dessins est un chiffre rond et sonore faisant bien dans les annonces et les affiches ». Malheureusement, l’artiste ne devait jamais parvenir à la réalisation de son dessein, fauché par une mort brutale le 23 janvier 1883. Les premières ébauches subsistent cependant : six bois gravés parus dans La Semaine des enfants en 1859 et dans le Journal pour tous en 1862, quelques bois inédits et un nombre important de dessins dont celui que nous présentons aujourd’hui.

 

L’imagination féconde de Doré convenait parfaitement au texte foisonnant de Shakespeare qui mélange l’histoire, la mythologie et le merveilleux. Ici, Doré illustre la fameuse scène I de l’acte IV de Macbeth, celle du sabbat des sorcières. Macbeth, roi d’Ecosse, vient consulter les sorcières pour connaître son futur. Les sorcières, qui préparent dans un chaudron toutes sortes de philtres magiques, lui font voir différents spectres qui lui prédisent l’avenir. Doré n’hésite pas à prendre des libertés pour l’illustration de cette scène et il déplace ainsi le sabbat des sorcières de la caverne décrite par Shakespeare au pied du château de Macbeth. La figure de ce dernier n’est par ailleurs pas vraiment discernable et Doré a probablement voulu illustrer le moment même du sabbat, avant l’arrivée du roi. Ce qui passionne l’artiste, c’est l’opposition entre l’ombre et la lumière, entre la nuit noire et la lumière rougeoyante du feu de bois sur lequel les sorcières font bouillir leur mixture. Si on connaît d’autres projets de Doré pour Macbeth, les dessins d’aussi grande taille que le nôtre sont rares. Une œuvre de même sujet et de dimensions proches (765 x 573 mm) est conservée au musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg1. Aquarelle parfaitement achevée, notre dessin était probablement destiné à une exposition à la Société des Aquarellistes dont Doré était un des fondateurs.

 


1 Gustave Doré, Strasbourg, 1983, n°193, p. 183, reproduit p. 182 et 314.



 
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