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Constant Bourgeois du Castelet

Guiscard, 1767 – Passy, 1841

 

Joseph Bonaparte faisant visiter le parc de Mortefontaine, vers 1807

 

Plume et encre de Chine, aquarelle

540 x 790 mm

 

 

La première vie de Constant Bourgeois est militaire : volontaire en 1793-1794, il finira colonel dans l’armée révolutionnaire. Il se consacre ensuite à la peinture et au dessin, se formant auprès de Jacques-Louis David. Très vite attiré par le paysage, il commence à exposer au Salon à partir de 1791. L’un des premiers, il réalise des panoramas, comme la Vue de Paris depuis les Tuileries, exposé à partir de l’été 1799 ou L’Évacuation de Toulon par les anglais en 1793, ouvert au public l’année suivante. Sous le Consulat puis l’Empire, Vivant Denon le charge de dessiner des scènes des campagnes de Bonaparte ; Bourgeois expose ainsi au Salon de 1800, six dessins panoramiques de la campagne d’Égypte. S’il réalise de nombreuses peintures comme L’Entrevue entre Napoléon 1er et le baron de Dalberg, Prince-Primat de la Confédération du Rhin (Salon de 1812) – parfois en collaboration avec d’autres peintres comme Debret, Zix ou Taunay pour les personnages –, Bourgeois reste plus connus pour ses dessins au lavis dont la précision et la luminosité sont particulièrement appréciés. Bourgeois s’est toute sa vie particulièrement intéressée à l’estampe et a collaboré à de nombreux Voyages pittoresques, alors à la mode. Il a réalisé ses premiers essais à l’eau-forte et aquatinte (Recueil de vues et fabriques pittoresques d’Italie, 1805) avant de s’illustrer dans la lithographie (A. de Laborde, Nouveau voyage pittoresque de la France, 1816 à 1836 ; Voyage pittoresque à la Grande-Chartreuse, 1821, I. Taylor et C. Nodier, Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, 1821).

 

En 1798, Joseph Bonaparte (Corte, 1768 – Florence, 1844), frère ainé de Napoléon, est député au Conseil des Cinq-Cents et diplomate, notamment à Parme et à Rome. Cherchant un lieu de plaisance, il achète alors le domaine de Mortefontaine, créé par la famille Le Peletier et saisi à la Révolution. Se prenant de passion pour cette demeure, Joseph va considérablement la transformer par d’importants travaux d’aménagement du château et du parc. Le Petit parc (à l’anglaise) créé en 1780 est remanié et replanté mais, surtout, Joseph réaménage le Grand parc, faisant creuser des canaux et des lacs, ajoutant des fabriques ou aménageant des bains. A Mortefontaine, lacs, rochers, arbres d’ornement et essences rustiques se conjuguent avec les éboulements naturels de rochers et les eaux de la Thève pour présenter le plus beau tableau paysager. Le domaine finira par s’étendre sur une surface de plus de 300 hectares, mêlant forêts et plans d’eau, pour la plus grande joie des visiteurs que Joseph emmène en bateau faire le tour de la propriété.

 

C’est précisément ce qu’a représenté ici Constant Bourgeois : Joseph, revêtu de l’habit à la française et portant le cordon de la légion d’Honneur fait les honneurs de son parc à un petit groupe d’ami. Un bateau semble attendre la compagnie pour faire le tour du lac de Vallière tandis que, sur la gauche, trois femmes dont une dessinatrice, admirent le paysage près d’un trop-plein qui conduit à l’étang des Islettes. Bourgeois connaissait particulièrement bien le domaine de Mortefontaine : probablement vers 1806-1807, Alexandre de Laborde lui commande une série de vues du domaine, destinées à être gravées pour l’illustration de sa Description des nouveaux jardins de la France et de ses anciens châteaux, publié en 1808. Dans cet ouvrage fameux pour l’histoire des jardins, Laborde consacrera pas moins de 15 planches à Mortefontaine, toutes dessinées par Bourgeois. Peut-être notre feuille était-elle destinée également à cette publication sans avoir jamais été gravée.



 
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