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Giovanni Battista Naldini

Fiesole, 1537 – 1591

 

Étude d’homme tendant le bras, tourné vers la gauche

 

Sanguine

282 x 185 mm

Au verso, Profil d’homme, sanguine

Annoté en haut à droite : Andrea del Sarto

Filigrane : Aigle couronné

 

 

Élève du Pontormo, auprès duquel il a travaillé de 1549 à 1556, Giambattista Naldini, connu également sous le nom de Battista degli Innocenti, en retiendra surtout le maniérisme mélancolique des œuvres de jeunesse, comme en témoignent certains de ses dessins conservés à la galerie des Offices (Florence), où l’on peut déceler également l’influence d’Andrea del Sarto. Le peintre a été le protégé de Vincenzo Borghini, célèbre humaniste, spedalingo (gouverneur) de l’Ospedale degli Innocenti et ami de Vasari, et c’est à sa demande qu’il séjourne en 1560 et 1561 à Rome. Il collabore ensuite avec Vasari à la décoration du Palazzo Vecchio. L’influence de ce dernier apparaît nettement dans les nombreux retables que Naldini exécute pour les églises florentines entre 1570 et 1580. Lors d’un second voyage à Rome en 1580, l’artiste a laissé quelques œuvres à l’église San Giovanni dei Fiorentini et à celle de Santa Trinità dei Monti. Les dernières peintures florentines de Naldini manifestent son orientation vers le style propre à la Contre-Réforme que les Romains commençaient à élaborer.

 

Naldini a été un dessinateur fécond, comme l’atteste Balduccini dans ses notes : « disegno bravamente, ed alquanto in sul gusto del suo gran maestro Jacopo da Pontormo, ma con un tocco più replicato, con matita sputata, e in sull’appiccature fortemente aggravata »[1]. La façon d’esquisser les contours, les jeux d’ombres et de lumière, les hachures, l’appréhension silencieuse du modèle, le traitement rigoureux, presque brutal de la sanguine, tout relève de l’esprit de Naldini dans cette feuille. Surtout, elle est caractéristique du style de l’artiste par l’accentuation des contours souvent repris, par le modelé sommaire mais efficace et suggestif, comme par l’exécution schématique du visage et plus encore des extrémités qui restent inachevées. Elle se laisse aisément comparer avec de nombreuses feuilles données à l’artiste telles Jeune homme tenant un livre (Bayonne, musée Bonnat)[2], Jeune homme assis de face (Londres, British Museum)[3] ou Homme nu à genoux (Paris, musée du Louvre)[4].

 

Notre feuille peut être mise en rapport avec un dessin conservé aux Offices à Florence et représentant La Récolte de la manne. En effet, on peut remarquer que le personnage de Moïse tendant le bras droit vers la gauche est semblable à l’attitude de notre jeune homme. Celui-ci, en habit contemporain, pourrait être une première recherche d’attitude pour le Moïse d’après le modèle posant dans l’atelier. Nous ignorons si Naldini a exécuté une peinture à partir de ces deux œuvres.

 


[1] F. Baldinucci, Notizie dei professori del disegno da Cimabue in qua, Florence, 1681-1728, vol. V, p. 518.

[2] J. Bean, Les Dessins italiens de la collection Bonnat, Paris, 1960, n°78.

[3] M. Koshikawa, Italian 16th and 17th Centuries Drawings, Tokyo-Nagoya, 1996, n°31.

[4] M. Monbeig Goguel, Vasari et son temps, maîtres toscans nés après 1500, mort avant 1600, Inventaire général des dessins italiens du musée du Louvre, Paris, 1972, n°98.



 
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