Charles de La Fosse
Paris, 1636 – Paris, 1716
Étude de femme assise, le bras gauche vers l’avant, vers 1695
Sanguine, pierre noire et rehauts de blanc
275 x 310 mm
Au dos, le numéro 411 à l’encre
Oeuvre en rapport
Dessin préparatoire pour Le Repos de Diane conservé au musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg
Charles de La Fosse se forme dans l’atelier de Charles Le Brun avec qui il collabore à la réalisation des décors du séminaire de Saint-Sulpice et de l’hôtel Lambert dans les années 1650, ce qui lui permet d’avoir un rôle important dans la décoration des grands appartements de Versailles dans les années 1670. Son long séjour italien, vers 1658 et 1663, à Rome et à Venise, explique sans doute son intérêt pour le coloris, les lumières dorées et les formes arrondies. En 1673, l’Enlèvement de Proserpine (Paris, Beaux-Arts) marque son entrée à l’Académie. Il reçoit alors de nombreuses commandes royales, des tableaux de chevalet comme des grands décors : coupole haute et pendentifs de l’église des Invalides (1702-1706), la Résurrection du Christ dans le cul-de-four de la chapelle de Versailles (1709). Il peint aussi pour les églises de Paris et décore de nombreux hôtels particuliers, hélas détruits. Sa renommée va jusqu’à Londres où il séjourne entre 1689 et 1692.
Les guerres de la Ligue d’Augsbourg et de la Succession d’Espagne ont des conséquences désastreuses sur les finances publiques et les grands chantiers royaux. Cependant, La Fosse parvient à participer à la seule commande royale d’importance de cette période, le décor peint du Trianon de Marbre. Il réalise trois peintures destinées aux dessus-de-porte du cabinet du Couchant qui sont installées en 1688 : Clytie changée en tournesol, Apollon et Thétis et Le Repos de Diane[1]. Une décennie plus tard, La Fosse peint une autre version du Repos de Diane[2] (Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage) dans laquelle il reprend le groupe central du tableau du Trianon. La comparaison des deux tableaux illustre à merveille l’évolution stylistique de La Fosse : les figures aux canons rubéniens laissent place à des corps gracieux et affinés, saisis dans leur mouvement, influencés par La Bacchanale des Andriens de Titien.
Notre dessin appartient à un groupe de cinq dessins préparatoires au tableau de l’Ermitage, dont trois étudient des figures isolées[3]. Il associe l’usage de la pierre noire, de la sanguine et des rehauts de blanc, technique fréquente de La Fosse dans l’étude de figures isolées. Cette étude, sûrement d’après modèle, étudie l’attitude de la figure principale de l’œuvre, Diane. Le dessin se concentre sur la seule attitude de la déesse, adossée sur son bras droit, et pointant son index gauche. Le drapé, couvrant seulement le haut des cuisses, est étendu au haut du corps dans le tableau et dans un dessin d’ensemble, en main privée, qui étudie le groupe central de Diane entourée des nymphes. L’expression du visage est déjà trouvée et reste inchangée dans la version peinte, mais La Fosse ne s’est pas attardé sur la chevelure de Diane, ni sur son attribut, la lune, qui ne sont pas même esquissés dans notre étude. Celle-ci montre toute l’aptitude graphique de l’artiste, excellent dessinateur, capable de modeler les chaires et de laisser affleurer sur le papier la sensualité de la déesse. Le numéro 411, écrit à l’encre au verso du dessin, a dû être apposé lors de l’inventaire après décès de l’artiste.
Nous remercions Mme Clémentine Gustin-Gomez qui nous a aimablement confirmé l’attribution de ce dessin et nous a fourni des éléments pour la rédaction de cette notice.
[1] C. Gustin-Gomez, Charles de La Fosse, catalogue raisonné, Dijon, 2006, volume 2, n° P94, p. 64.
[2] C. Gustin-Gomez, op. cit., n°P102, p. 70-71.
[3] C. Gustin-Gomez, op. cit. n° D63 à D66, p. 203-204