Giacinto Calandrucci
Palerme, 1646 – 1707
Le Christ et la Samaritaine, vers 1680
Plume et encre brune, pierre noire, gouache blanche
248 x 323
Signé en bas à droite : Calandci
Né à Palerme en 1646, Calandrucci se forme auprès d’Andrea Carrera ; avec celui-ci, il à la la décoration à fresque de la voûte du presbytère de l’église des Théatins. Cependant, sa formation artistique s’achève à Rome, où, dès l’âge de vingt ans, il s’est installé pour y rester près de quarante ans. Il ne tarde pas à devenir un collaborateur de Carlo Maratti et connaît alors un succès considérable, comme en témoignent ses nombreuses œuvres romaines. S’il a principalement travaillé comme peintre religieux, comme en témoignent ses pale d’altare (San Antonio de’ Portoghesi, San Bonaventura al Palatino, Santa Maria in Campitelli, San Paolo alla Regola) et ses fresques (Santa Maria dell’Orto), Calandrucci a aussi réalisé des décors profanes comme les décors du palais Lanti ou ceux de la Villa Falconieri à Frascati. Malgré son intégration dans la cité papale, ses liens avec sa ville natale n’ont cependant pas été rompus (commandes pour San Salvatore ou l’oratoire Santi Francesco e Lorenzo) et l’artiste retourne s’installer à Palerme en 1706 ; il y meurt cependant brutalement quelques mois après son retour.
Nous ignorons si Calandrucci a réalisé une peinture ou une fresque sur le thème du Christ rencontrant la Samaritaine au puit mais nous savons qu’il a réfléchi à la composition car nous connaissons plusieurs dessins sur ce thème : quatre dessins sont conservés au Kunstpalast de Düsseldorf[1] tandis qu’un cinquième dessin est conservé en collection particulière[2]. Toutes ces œuvres sont en rapport avec une estampe anciennement attribuée à Carlo Maratta[3] mais aujourd’hui donnée à Francesco Giovane, probablement réalisée d’après une composition de Calandrucci. Notre composition est différente, plus ample et plus développée : le Christ, assis à gauche à côté du puit de Jacob, voit venir à lui la Samaritaine portant une cruche sur sa tête précédant une petite foule de pèlerins, femmes et enfants. Ici, l’artiste cherche probablement à évoquer, plutôt que la rencontre entre le Christ et la Samaritaine, les derniers versets du récit qui racontent que, convaincue par le message transmis par Jésus, la Samaritaine est allée chercher en ville ses voisins et amis pour les guider vers le Christ (Évangile de saint Jean, IV, 1-30). Notre composition se rapproche ainsi du tableau d’Annibale Carracci sur le même thème, réalisé vers 1595 et aujourd’hui conservé à la Pinacoteca di Brera à Milan. Première idée de composition exécute d’un trait de plume enlevé, notre feuille signée constitue un ajout important au corpus des œuvres graphiques de Calandrucci.
[1] D. Graf, Die Handzeichnungen von Giacinto Calandrucci, Kunstmuseum Düsseldorf, Düsseldorf, 1986, n°351-354.
[2] Florence, Pandolfini, 26 novembre 2013, n°86.
[3] A. Bartsch, Le Peintre graveur, volume XXI, Vienne, 1821, p. 92, n°7 et The Illustrated Bartsch, New York, sans date, n°4704.007.