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Fernand Pelez

Paris, 1843 – 1913

 

Misère, vers 1886

 

Huile sur toile marouflée sur carton

70 x 49,5 cm

Signé en bas à droite : F. Pelez

 

Œuvre en rapport

Étude préparatoire pour le tableau conservé au musée d’Orsay, Paris

 

 

Fernand Pelez, qu’une exposition organisée en 2009 par le musée du Petit-Palais a permis de redécouvrir[1], est l’un des peintres de la fin de siècle au naturalisme social le plus affirmé. Fils d’un peintre d’ascendance espagnole aristocratique, Pelez affiche volontiers une allure de dandy soucieux de sa mise vestimentaire, qui contraste avec celle de ses sujets misérabilistes - contraste qui lui vaut d'être ironiquement caricaturé en 1895 par  François  Flameng  comme  « le peintre des élégances fin de siècle ». Successivement formé par Félix Barrias,  puis par Alexandre Cabanel, dans l’atelier duquel il entre en 1873, Pelez expose au Salon de 1875 Les Tireurs d’arc, en 1876, Adam et Eve, en 1877, Jésus insulté par les soldats, et en 1879 La mort de l’empereur Commode, œuvres toutes achetés par l'État. Par la suite, l’artiste se tourne vers des sujets sociaux, associés alors à la peinture espagnole du Siècle d’or et en particulier à Murillo ou Ribera, touchant à la misère des rues, au monde du cirque et de la danse. L'artiste expose au Salon tous les ans jusqu’en 1890, et à l’Exposition universelle de 1889, où il obtient une médaille d'argent. Il est fait chevalier de la légion d'honneur en 1891 et l’État lui passe commande en 1892 de La Bouchée de pain. Parvenu au sommet de la reconnaissance officielle, il produit et expose moins ensuite, présentant pour la dernière fois des œuvres au Salon de 1896 et à l’Exposition universelle de 1900.

 

Notre tableau constitue une esquisse inédite pour le tableau de grand format très récemment acquis par le musée d’Orsay (huile sur toile, 156 x 79 cm, fig. 1)[2]. Dans ce tableau, présenté pour la première fois au Salon de 1886 avec un titre allégorique des plus programmatiques, Misère, Pelez montre un gamin des rues, pieds nus et sales, vêtu d’habits rapiécés, la tête blonde soulignant par contraste le paletot de grande personne et la misère de son état. Le garçon se tient droit comme au garde-à-vous, figé dans sa résignation, inexpressif, stoïque, le regard fixé devant, le chapeau bas prêt à être levé au passage d’un bourgeois pour demander l’aumône, rencogné dans une embrasure d’immeuble dont la porte est elle-même poussiéreuse – celle, semble-t-il, de l’immeuble de l’atelier de Pelez, situé au 62 boulevard de Clichy.

 

Notre tableau semble constituer une première idée pour ce grand format : les éléments principaux de la composition sont déjà trouvés mais le cadrage est plus large. Dans le tableau définitif, Pelez accentuera le format allongé qu’il affectionne, un format de portrait en pied, qui confère une noblesse paradoxale à son sujet. L’artiste prépare souvent ses tableaux en réalisant des études monochromes de grand format, en peinture ou en dessin. Nous pouvons comparer notre tableau avec de nombreuses œuvres conservées au musée du Petit Palais comme une étude pour La Bouchée de pain (Paris, musée du Petit Palais). Dans notre étude, Pelez déploie son réalisme minutieux et sa palette resserrée, restreinte à une gamme de bruns et de gris, qui a fait dire au critique Émile Henriot, à l’occasion de l’exposition Fernand Pelez de 1913, qu’il y avait « de la boue dans son pinceau ».

 


[1] Sous la direction d’Isabelle Collet, Fernand Pelez, la parade des humbles, 1848-1913, Paris, musée du Petit-Palais, 2009

[2] On connait également une répétition de petit format (huile sur toile, 59 x 29,5 cm, Paris, Thierry de Maigret SVV, 8 décembre 2017, n°104).



 
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