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Gaetano Ottani

Bologne, vers 1724 – Turin, 1801

 

Caprice architectural avec des ruines animées de personnages, vers 1770

 

Huile sur toile

95 x 135 cm

 

Provenance

Mary van der Berg, New York

F. Mont, Londres

Collection particulière, Paris

 

Bibliographie

G. Sestieri, Il Capriccio architettonico in Italia nel XVIIe e XVIIIe siècle, Rome, 2015, tome 2, ill. 9, p. 368-369

 

 

Homme curieux, Gaetano Ottani a eu trois vies : peintre, décorateur de théâtre et ténor. Formé à l’Accademia Clementina de Bologne, Ottani commence sa carrière comme scénographe à Bologne en 1742 avec la réalisation des décors du drame Andromaque pour le théâtre Formagliari. Parallèlement, il peint également des tableaux religieux pour des églises de Bologne comme Santa Maria delle Grazie ou Santa Maria del Ponte delle Lame. Mais c’est également à cette époque qu’il entame une carrière de ténor, conduite entre 1747 et 1770, qui le conduira sur les scènes de nombreux théâtres italiens et autrichiens, de Naples à Vienne et de Turin à Venise. Il sera l’un des interprètes favoris de Niccolò Jomelli et Tommaso Traetta mais aussi de Christoph Willibald Gluck. Son frère Bernardino Maria (1736-1827), compositeur d’opéra, a écrit pour lui plusieurs œuvres. C’est après son départ de la scène, autour de 1770, qu’Ottani reprend les pinceaux. Installé à Turin, favori de Victor-Amédée III de Savoie, il devient peintre de la cour tout en assurant un service à la Chapelle royale comme chanteur jusqu’en 1798. En 1770, Charles Burney écrit dans son Viaggio musicale in Italia : « Quest’anno un bravissimo tenore, l’Ottane,  che canta con gusto e in un modo seducente, m’ha fatto la grazia di cantare due o tre arie di stile diverso, che m’hanno mostrato quanto sia abile nella sua professione. Egli dipinge egualmente bene, alla maniera di Claude Lorrain e del Vernet, e Sua Maestà qualche volta l’adopera pur come pittore[1]. » Membre des académies des Beaux-Arts de Bologne, Vérone et Parme, Ottani sera prieur de l’Accademia Albertina de Turin en 1782 et décède à Turin en 1801.

 

Les peintures conservées d’Ottani se ressentent de l’influence de Ferdinando Galli dit Bibiena et de Pietro Paltronieri dit Mirandolese, deux peintres de scénographies et de caprices architecturaux de Bologne. Ottani exécute surtout des paysages de ruines, imaginatifs et riches en détails pour les palais royaux de Turin et pour les villas du Piémont. Entre 1775 et 1780, il exécute une série de marines pour le château de Moncalieri, à côté de Turin ; les Allégories de la peinture et de l’astrologie, datées 1785, ont été peintes pour le palazzo Chiablese, toujours à Turin. Notre caprice architectural peut ainsi être rapproché de deux œuvres réalisées pour le Palazzo Reale de Turin, datées 1764 et aujourd’hui conservées à la Galleria Saubada.

 

On retrouve dans notre œuvre le goût de l’artiste pour les perspectives fantaisistes de ruines avec des architectures élaborées et imposantes, peuplées de figures bucoliques : sur la droite, les restes d’un portique en ruine, sur la gauche, les restes d’une église ou d’une basilique romaine, animés de personnages jouant aux quilles. Le peintre joue ici avec les effets de lumière : il associe un premier plan subtilement ombragé et un arrière-plan en plein soleil. Les détails, colonnes, chapiteaux, arches, frontons, vases, bustes et statues, contribuent à renforcer ce chaos artistique et visent à donner un effet théâtral. La vogue du caprice architectural, de la ruine fantaisiste et du paysage imaginaire se développe dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, allégorie de la vanité de toute chose, soumise par le temps à la dégradation et à la fragmentation. Par son ampleur, sa virtuosité technique et son exécution magistrale, notre caprice est l’un des plus beaux exemples de l’art scénographique de Gaetano Ottani.

 

Nous remercions la Prfessa Elisabetta Landi qui a aimablement confirmé l’attribution de cette peinture et nous a généreusement fourni des éléments précieux pour la rédaction de cette notice.

 


[1] C. Burney, Viaggio musicale in Italia, 1770, Milan, éd. 1921, p. 4.



 
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