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Peder Als

Copenhague, 1725 – 1775

 

Nicolas-Henri Jardin, architecte, 1764

 

Huile sur toile

80 × 62 cm

 

Provenance

Collection du modèle

Par descendance, collection particulière

 

Né à Copenhague en 1725, Peder Als se forme auprès de Carl Gustaf Pilo. Vainqueur en 1755 de la médaille d’or de la Kunstakademi, Als peut alors séjourner à Rome où il entre dans l’atelier d’Anton Raphaël Mengs. Après l’Italie, Als s’arrête une année à Paris (1761-1762) avant de rentrer à Copenhague pour être reçu rapidement au sein de l’Académie, dont il devient l’un des professeurs à partir de 1766. Essentiellement portraitiste, Als a peint des effigies à l’huile mais aussi au pastel ou en miniature des rois de Danemark (Frédéric V, Christian VI et Frédéric VI), des membres de la famille royale et de la Cour.

 

Élève d’Armand-Claude Mollet à l’Académie royale d’architecture, Nicolas-Henri Jardin (Saint-Germain-des-Noyers, 1720 – Paris, 1799) remporte le grand prix d’architecture en 1741. À Rome entre 1744 et 1748, il subit l’influence de Piranèse et se met à graver des décors de fêtes. De retour en France, il est employé par les Bâtiments du roi durant quelques années. Mais le tournant de sa carrière se situe en 1754, lorsqu’il est recommandé au roi Frédéric V de Danemark. À Copenhague, Jardin entame une brillante carrière, construisant plusieurs demeures dont le palais Thott, actuelle ambassade de France.  Il réalise également des travaux au château de Marienlyst à Elseneur et dessine les jardins du château de Fredensborg. Après un séjour de seize ans au Danemark, Jardin rentre en France en 1772 : devenu membre de l’Académie royale d’architecture de Paris, il dirige de son retour à 1786 la construction de l’hôpital de Lagny et refait, avec Jacques-Denis Antoine, la façade de l’hôtel de ville de Cambrai[1].

 

C’est en 1764, à l’occasion de la réception à l’Académie des beaux-arts de Copenhague de l’artiste, que Peder Als a réalisé le portrait de l’architecte, en deux versions de même format. Si la première a été donnée à l’Académie, notre réplique autographe était probablement destinée au modèle. Assis à sa table de travail, vêtu d’un bel habit de velours rouge, Jardin pointe de son compas le plan de l’église Saint-Frédéric, le plus important de ses projets durant son séjour danois[2]. Son visage respirant l’intelligence est subtilement tourné vers la gauche, cherchant l’inspiration vers la lumière. On retrouve ici tout l’art délicat des portraitistes français comme Nattier ou Perronneau, étudié par Als à Paris, avec une pointe d’influence nordique dans l’habit bordé de fourrure de l’architecte, qui évoque la rigueur des hivers danois. L’association entre Jardin et Als par le biais de ce portrait est cependant assez surprenante : on sait, en effet, que les deux artistes se sont durement opposés au sein de l’Académie. Très critique sur la présence d’artistes étrangers au Danemark, Als a probablement été, avec Ove Høegh-Guldberg et le secrétaire d’État Andreas Schumacher, à l’origine du « coup d’État » de 1772, une réaction contre la tutelle artistique française et suédoise qui aboutit à la disgrâce du peintre Carl Gustaf Pilo et du sculpteur Jacques Saly mais également au renvoi de Jardin en France, avec notre portrait dans ses bagages.

 

Nous remercions vivement M. Basile Baudez, Associate Professor of Art and Archeology à la Princeton University, pour son aide dans la rédaction de cette notice.

 


[1] P. Lespinasse, « Deux architectes français en Danemark au xviiie siècle : les frères Jardin », La Revue de l’art ancien et moderne, 161-162, tome XXVIII, 1910, p. 111-122 et 227-238.

[2] L’église royale de Saint-Frédéric devait être le principal ornement du nouveau quartier de Frederiksstaden, dont la construction est lancée par Frédéric V en 1749. Si son plan est tracé par Nicolai Eigtved, c’est Jardin qui est chargé de l’élévation à partir de 1755. S’inspirant du Panthéon de Rome, l’architecte dessine une église en forme de rotonde à deux péristyles, accolée sur les faces latérales de chapelles à étage. La réalisation des travaux sera très lente faute de moyens et l’église achevée au début du xixe siècle, aujourd’hui appelée Frederiks Kirke ou Marmorkirken, s’éloigne sensiblement du dessin initial.



 
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