
Claude Thiénon
Paris, 1772 – 1846
Vue des environs de Rome, vers 1805
Huile sur toile
55 x 83 cm
Signé en bas à droite : Thienon
Élève de Gabriel Moreau l’aîné, Thiénon débute au Salon de 1798. Dès cette époque, il enseigne la peinture à l’Institution nationale créée en 1794 pour l’éducation des jeunes filles par Madame Campan à Saint-Germain-en-Laye, où il se lie avec Isabey. L’une de ses élèves est Hortense de Beauharnais dont la mère vient de se remarier en 1796 avec le général Bonaparte. Lorsqu’en 1806 l’époux d’Hortense, Louis Bonaparte, frère de Napoléon Ier, monte sur le trône de Hollande, c’est probablement à l’instigation de son ancienne élève que Thiénon, de retour d’Italie, est nommé Premier peintre du roi. Ses fonctions semblent avoir été surtout administratives. Ainsi David, contraint d’apporter d’ultimes modifications à son tableau du Sacre, lui réclame l’habit, la toque et l’épée portée par le roi Louis lors de la cérémonie. Contraint de renoncer à son poste en 1810 à l’abdication du monarque, Thiénon demeure néanmoins quelque temps au service d’Hortense, devenue duchesse de Saint-Leu sous la Restauration. Il travaille alors à divers recueils topographiques, dont le Voyage pittoresque dans le bocage de la Vendée ou vues de Clisson et de ses environs, commandé en 1817 par le sculpteur Lemot. Puis le baron Taylor l’embrigade dans sa vaste entreprise des Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France. Thiénon cesse d’exposer au Salon après 1822, se consacrant à l’éducation de son fils, Louis-Désiré (1812-1881), futur paysagiste.
Notre œuvre est l’un des rares tableaux de l’artiste qui nous soit parvenu, comparable seulement à l’exquise Vue de la villa d’Este à Tivoli de la collection de l’impératrice Joséphine (Rueil-Malmaison, château de Malmaison)[1]. Il est possible que notre tableau ait appartenu à Hortense mais les nombreuses mentions d’œuvres de Thiénon dans les inventaires de sa collection sont trop imprécises pour pouvoir l’affirmer. Ici encore, l’artiste s’est placé dans les environs de Tivoli, d’où l’on peut jouir d’un des plus beaux panoramas sur Rome : la cité s’étend en contrebas, dominée par la coupole de la basilique de Saint-Pierre au fond à gauche. Au milieu de la plaine serpente le fleuve Aniene tandis que l’on aperçoit à gauche la tour circulaire du mausolée des Plauzi, près du pont Lucano. L’édifice à droite avec une fontaine, probablement une chapelle isolée, n’est pas reconnaissable et n’existe probablement plus aujourd’hui. Sur le cartel apposé sur le cadre d’origine, est inscrit : Thienon / figures par Isabey. Proche ami de l’artiste, il en effet tout à fait possible que Jean-Baptiste Isabey (1767-1855) ait peint les figures de paysans à gauche et le tendre groupe de l’enfant blotti dans les bras de sa mère au pied d’un arbre à droite. La scène, comme saisie sur le vif avec ses groupe de paysans, obéit pourtant aux règles du paysage classique : contours nettement définis, étagement rigoureux des plans, depuis la masse des arbres du premier plan jusqu’à la ligne claire de la cité au fond, lumière diffuse unifiant tous les éléments, harmonie de la couleur d’ensemble qui fait se répondre le bleu du ciel, les ocres chauds de la ville et les bruns de la terre.
Nous remercions Madame Patrizia Rosazza Ferrari qui nous a généreusement fourni des éléments précieux sur la topographie des lieux pour la rédaction de cette notice.
[1] Huile sur toile, 37,5 x 28 cm, Rueil-Malmaison, musée national du Château de Malmaison, inv. 1149 (A. Pougetoux, La Collection de peinture de l’impératrice Joséphine, Paris, 2003, n°200, p. 129, repr.).