
Cornelis Visscher II
Haarlem, 1629 – 1658
Portrait d’homme au chapeau, vers 1655
Graphite sur vélin
133 x 110 mm
Provenance
Jean-François Gigoux (Lugt 1164)
Né à Haarlem, Cornelis Visscher a probablement été l’élève du graveur Pieter Soutman, lui-même formé par Rubens. L’artiste s’impose rapidement par la qualité de ses estampes, tout en formant ses jeunes frères Jan et Lambert. Cependant, sa carrière s’interrompt quelques années après son entrée dans la guilde de Saint-Luc, en 1653, par sa mort prématurée. Malgré la brièveté de sa carrière – une dizaine d’années entre 1650 et 1659 – Visscher a produit un grand nombre d’estampes, scènes religieuses, scènes de genre ou portraits. En dehors de cette activité, l’artiste se fait aussi rapidement connaître pour ses portraits dessinés. On observe à cette époque un engouement croissant d’une bourgeoisie de plus en plus prospère pour cette forme de portraits accessible et imposante à la fois. Cornelis se spécialise alors dans ce genre de dessins, réalisés de manière fine et précise sur vélin.
On retrouve cet pratique dans notre portrait d’homme exécuté au graphite sur vélin. La mise en scène est à la fois simple et subtile : l’homme semble être de face mais le buste et la tête sont très délicatement tournés vers la droite, donnant un léger mouvement à l’ensemble. La technique – un réseau de hachures simples ou croisées, plus ou moins serrées dans les ombres – est celle d’un graveur. L’intensité expressive de ce visage plein aux yeux clairs, la traduction du vêtement austère sous le col blanc et la beauté du détail de la chevelure légèrement ébouriffée révèlent un personnage imbu de son image et de sa réussite, légèrement hautain. Dans un portrait tel que celui-ci, dont la taille n’exclue pas qu’il ait été fait pour être encadré, Visscher se souvient de la franchise des mises en scènes de Frans Hals tout comme de la psychologie pénétrante et de la sobriété de l’exécution des portraits gravés de Robert Nanteuil. La même objectivité aiguë apparaît dans un portrait de femme âgée – selon toute vraisemblance l’épouse du modèle –, qui accompagnait à l’origine notre portrait d’homme. Tous les deux en ovale, de dimensions très proches, ils étaient ensemble dans la collection de Jean Gigoux. Par la suite, ils ont été séparés et le portrait de femme se trouve aujourd’hui conservé dans une collection particulière[1].
[1] Tête de femme âgée, pierre noire sur vélin, ovale, 180 x 145 mm, provenance : J. Gigoux (L. 1164), A. Beurdeley (L. 421), collection particulière (Dessins des écoles du Nord dans les collections privées françaises, Paris, galerie Claude Aubry, 1974, n°114).