Domenico Piola
Gênes, 1627 – 1693
L’Adoration des bergers, vers 1670
Plume et encre brune, rehauts de gouache blanche
426 x 272 mm
Grâce aux Vies d’artistes génois de Carlo Giuseppe Ratti, nous savons que Domenico Piola eut un premier apprentissage, encore très jeune, auprès de son père puis de son frère Pellegro, tous deux disparus prématurément en 1640. Pour l’affirmation de son style, l’étude des fresques de Perino del Vaga pour la villa d’Andrea Doria à Fassolo, le naturalisme de Giovanni Battista Castiglione, auquel s’ajoute l’influence de la peinture teintée de maniérisme lombard tardif de Valerio Castello, restent fondamentaux. A la mort de ce dernier, en 1659, Piola devient le principal protagoniste de la scène génoise de la grande décoration, religieuse ou à fresque. Les années 1670-1680 marquèrent l’apogée de l’activité de l’artiste, culminant dans des œuvres telles que les fresques allégoriques de l’Automne et l’Hiver pour un plafond du Palazzo Rosso à Gênes. Le succès appelant les commandes, Piola structura son activité au sein d’un atelier familial performant – la casa Piola – où exerçaient ses trois fils et ses deux gendres, qui perpétua l’esprit baroque génois jusqu’en plein XVIIIe siècle.
Le thème de la Nativité fut traité à plusieurs reprises par Domenico Piola, notamment dans ses œuvres de jeunesse. Nous pouvons rapprocher notre dessin de peintures comme une Nativité conservée en collection particulière ou L’Adoration des bergers de l’église de Santa Marta à Gênes. Toutes ces œuvres ont en commun une conception plastique d’une grande originalité consistant à mettre en valeur l’Enfant Jésus au centre d’une composition autour de laquelle les protagonistes sont disposés en arc de cercle. De dos au premier plan, les bergers font office de spectateurs et témoignent d’une proximité qui vise à rendre l’intimité de la scène.
Dessinateur prolifique et talentueux, Piola est surtout connu pour ses dessins à la plume et encre brune, rehaussé de lavis brun. On retrouve dans notre feuille le style puissant et expressif de l’artiste, où, sur des formes définies par de fins traits de pinceau et de lavis brun et de forts rehauts de gouache blanche afin de rendre le modelé et le volume des personnages. Il est possible de rapprocher ce dessin de plusieurs autres œuvres de l’artiste. Dans un dessin représentant une Sainte Famille dans les ruines1, on retrouve la gouache blanche posée de manière très épaisse pour donner la lumière. Une hutte similaire protégeant la Sainte famille est présente dans plusieurs dessins de l’artiste2 tandis que la position si particulière de l’ange et la liberté dans l’utilisation du pinceau se retrouvent dans un dessin représentant Le Rêve de Joseph3. Cette représentation élaborée a probablement été exécutée comme une œuvre d’art indépendante.
Nous remercions Mme Mary Newcome Schleier qui nous a aimablement confirmé l’attribution de ce dessin et nous a fourni des éléments précieux pour la rédaction de cette notice.
1 British Museum, 1946-713-789.
2 L’Adoration des rois mages, New York, marché de l’art, 1993 ou Erminie et les bergers, dessin passé en vente chez Sotheby’s en janvier 2001.
3 New York, marché de l’art, 2001.