
Alexandre Cabanel
Montpellier, 1823 – Paris, 1889
Étude de femme drapée, dessin préparatoire pour le plafond Le Triomphe de Flore, 1870-1873
Sanguine et rehauts de blanc
305 x 480 mm
Provenance
Atelier de l’artiste
Vente de l’atelier, Paris, 22-25 mai 1889, n°436 à 466
Natif de Montpellier, Alexandre Cabanel est un des représentants majeurs de la peinture d’histoire au XIXe siècle. D’abord formé à l’école gratuite de dessin de Montpellier, le jeune homme bénéficie d’une bourse de la Ville en 1839 qui lui permet de poursuivre sa formation à Paris, à l’École des Beaux-Arts, dans l’atelier de François Edouard Picot. Il est lauréat d’un second premier Prix de Rome en 1845 et rejoint la Villa Médicis où il réside jusqu’en 1850. A son retour à Paris, l’artiste obtient un succès rapide auprès du public et des commanditaires. Il réalise aussi bien de grand sujets d’histoire, inspirés de la Bible ou de la mythologie et de l’histoire antique, que des décors pour des bâtiments publics ou des hôtels particuliers parisiens. Sa voluptueuse et suggestive Naissance de Vénus, exposée au Salon de 1863 et achetée par l’empereur, demeure l’un des tableaux les plus célèbres et les plus controversés du XIXe siècle, symbole de l’éclectisme triomphant. Mais c’est surtout dans l’art du portrait, auquel il donne une élégance d’une rare sophistication, qu’il rencontre ses plus grands succès. A partir de la réforme des Beaux-Arts en 1863, il est en charge d’un des trois ateliers de l’École, où il accueille plusieurs centaines d’élèves venus de l’Europe et du monde pour suivre ses leçons.
En 1869, l’architecte Lefuel confie à Cabanel la réalisation d’un plafond pour le grand escalier du pavillon de Flore, au palais des Tuileries. Endommagé par l’incendie du 18 mars 1871, ce plafond sera repris par l’artiste un an plus tard et terminé en 1873. Au cours du XXe siècle, l’escalier sera détruit mais le plafond est aujourd’hui conservé dans l’actuelle salle de consultation du Cabinet des Arts graphiques. Selon le biographe de l’artiste, Henri Fouquier, « [Cabanel] n’abordait jamais une composition sans une série d’études, peintes ou dessinées et toujours poussées à fond »[1]. On retrouve effectivement dans la vente de l’atelier de l’artiste, après son décès en 1889, un ensemble de 30 dessins préparatoires pour cette composition, dont devait faire partie notre feuille. Une aquarelle d’ensemble de la composition se trouve conservée au musée d’Orsay (RF 35727) tandis qu’une esquisse peinte de grand format se trouve aujourd’hui dans les collections du musée du Louvre (RF 1998-3, fig. 1).
Avec le Triomphe de Flore, Cabanel renoue avec la manière française du XVIIIe siècle, dans l’esprit de Natoire ou de Coypel. Il y représente le triomphe de la déesse sur un char d’or avec son cortège aérien de muses, nymphes et satyres. Notre dessin est une étude pour une des muses représentée allongée, au bas de la composition, entre Apollon et un satyre. L’artiste s’intéresse plus particulièrement ici à la draperie, finement rendue par un trait de sanguine délicat, rehaussée de la craie blanche pour figurer les lumières.