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Louis-François Cassas

Azay-le-Ferron, 1756 – Versailles, 1827

 

Les Tombeaux de la vallée du Cedron, Jérusalem, vers 1790

 

Plume et aquarelle rehaussée de gomme arabique

250 x 370 mm

 

Fils d’un géomètre des routes royales, Louis-François Cassas se forme au dessin d’architecture à Tours avant de venir à Paris en 1775. Là, il fréquente les ateliers de Jean-Jacques Lagrenée et Jean-Baptiste Le Prince. Ce dernier, qui a exploré la Hollande, la Finlande et la Russie, lui transmettra le goût du voyage et l’art du dessin sur le vif. Son protecteur, le duc de Rohan-Chabot, finance son voyage en Italie entre 1779 et 1783 : Rome, la Campanie, la Sicile mais aussi la Vénétie, la Dalmatie et l’Istrie, destinations rares à l’époque. Dès lors, le plaisir du voyage ne le quittera plus. En 1784, Cassas suit le comte de Choiseul-Gouffier nommé ambassadeur à Constantinople et visite alors la Syrie, l’Egypte, la Palestine, Chypre et l’Asie Mineure. De retour à Paris à la veille de la révolution, Cassas se consacre à la préparation de livres décrivant ses voyages, illustrés par ses dessins tout en exposant ses œuvres aux Salons entre 1804 et 1824.

 

En octobre 1785, Cassas arrive à Jérusalem où il va passer une quinzaine de jours. Durant son séjour, il exécute des vues panoramiques de la ville sainte mais consacre également beaucoup de temps aux monuments funéraires, comme l’hypogée situé au nord de la ville et appelé alors le tombeau des Rois de Juda (aujourd’hui tombeau de la reine Hélène d’Adiabène) et aux tombeaux de la vallée du Cédron, situés entre la vieille ville actuelle et le mont des Oliviers. Là, Cassas réalise un ensemble de dessins qui lui serviront à la réalisation de planches pour le volume III du Voyage pittoresque de la Syrie, de la Phénicie, de la Palestine et de la Basse-Egypte publié à Paris en 1799 (tome III, planches 29 à 36).

 

Si la plupart des planches publiées concernant la vallée du Cedron sont des planches « techniques » (élévations, plans, reconstitutions), Cassas a également réalisé une vue d’ensemble du site, prise depuis l’angle sud-est du mont du Temple. Ce dessin, intitulé Vue prise de l’endroit ou Salomon gardait ses 100 femmes, se trouve conservé dans une collection particulière (fig. 1)[1]. Notre feuille correspond à un travail plus tardif où le croquis est mis au net et en couleurs. Avec le sens à la fois précis et narratif qui caractérise l’art de Cassas, notre dessin est parfaitement représentatif de l’art de ce grand voyageur. L’adresse de la plume, la fermeté des contours, la netteté des détails, le raffinement de l’aquarelle n’enlève rien au pittoresque de la composition. Il est probable que Cassas pensait faire graver cette œuvre pour son ouvrage mais pour une raison inconnue, cette vue ne sera finalement pas retenue.

 

De gauche à droite, on reconnait facilement le pont construit sur le torrent du Cedron, le tombeau d’Absalom, la Retraite des Apôtres, le tombeau de Zacharie et les tombes plus tardives des juifs. Le premier tombeau, de format carré avec un couronnement conique est attribué à Absalom, un des fils de David. Il est aujourd’hui daté par les archéologues du 1er siècle après Jésus-Christ. Avec sa façade monumentale de style dorique, la Retraite des Apôtres est en fait un tombeau collectif creusé dans la falaise pour la famille sacerdotale de Hezir. C’est la plus ancienne des tombes monumentales de la vallée du Cedron puisqu’on peut la dater de la période hasmonéenne (fin du IIe siècle ou début du Ier siècle avant Jésus-Christ) par l’inscription donnant le nom des constructeurs. La tombe dite de Zacharie est assez semblable de celle d’Absalom, avec sa base carrée mais avec un couronnement pyramidal ; elle date de la même période. Elle est attribuée à Zacharie, fils du grand –prêtre Joad, mort assassiné sous le roi Joas.

 


[1] Louis-François Cassas, 1756-1827, dessinateur – voyageur, Tours, musée des Beaux-Arts et Cologne, Wallraf-Richartz-Museum, 1994-1995, p. 178, ill. n°3.



 
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