Girolamo Francesco Maria Mazzola, dit Il Parmigianino
Parme, 1503 – Casalmaggiore, 1540
Etude de femme en buste, vers 1524
Sanguine
146 x 117 mm
Au verso : Etude de tête de femme casquée, sanguine
Provenance
Marque non identifiée (Lugt 3105)
Giuseppe Vallardi (Lugt 1223)
Jules-Alexandre Duval Le Camus (Lugt 1441)
Bibliographie
D. Cingottini et M. Di Giampaolo, « Il Parmigianino : nuovi disegni ed un bozzetto », Commentari d’arte, vol. XIII, n°38, 2007, ill. 4 et 4a, p. 56
Né dans une famille de peintres, le Parmesan se forme principalement sous l’influence de Corrège. En 1524, il se rend à Rome où Clément VII est stupefatto par son talent précoce et où l’univers de Raphaël et de Michel-Ange s’ouvre à lui. Son séjour est interrompu par le sac de Rome (1527) et il se rend à Bologne où il réside jusqu’en 1530. C’est durant cette période que l’artiste acquiert sa pleine maturité. Son style atteindra son point culminant dans la Madone au long cou du Musée des Offices et dans les fresques de l’église Santa Maria della Steccata à Parme. Comme ce fut le cas pour d’autres artistes de génie, un nombre important de ses travaux resteront inachevés. Obsédé par la perfection formelle, distrait de son art par des expérimentations alchimiques, le peintre est emprisonné mais il s’enfuit à Casalmaggiore où il meurt dans la misère à l’âge de 37 ans.
Durant les années 1530, à Bologne, Parmesan réalise une Allégorie de l’Harmonie, aujourd’hui conservée dans une collection privée[1]. Dans cette œuvre, l’artiste représente une jeune femme jouant de la viole de gambe, accompagnée par Euterpe, muse de la Musique et trois déesses, Minerve, Junon et Vénus. Notre Etude de femme en buste est une première pensée pour la figure de la musicienne. Ici l’artiste s’est concentré sur la position de la tête, légèrement tournée vers la gauche, et sur la ligne souple des épaules. L’orientation du buste est accompagnée par le regard de la jeune femme, les yeux mi-clos, une attitude que le peintre modifiera dans sa composition finale où celle-ci a le regard levé vers le ciel. Par ailleurs, Parmigianino découvrira également la gorge de ce personnage, ici couvert d’un voile. On remarque dans l’angle inferieur droit du dessin la viole de gambe très esquissée.
Le trait de sanguine, très fin et d’une grande sûreté, organise avec souplesse des lignes verticales et parallèles, évitant le plus souvent la hachure, sauf pour indiquer un modelé d’une extrême délicatesse, un moyen sensible qui permet la définition d’un visage au sourire énigmatique et d’une séduction peu ordinaire. Au verso de notre feuille, une autre étude de tête de femme casquée – inspirée de la statue antique appelée la Minerve Grimani - prépare la figure de Minerve dans le même tableau, même si la position de la tête du personnage dans le tableau sera légèrement différente.
Nous remercions Madame Mary Vaccaro qui nous a aimablement confirmé l’attribution de ce dessin et nous a fourni des éléments précieux pour la rédaction de cette notice.
[1] K. Oberhuber, « A Marriage Allegory by Parmigianino », Parmigianino e il manierismo europeo; Atti del Convegno internazionale di studi – Parma 13-15 giugno 2002, Parme, 2002, p. 110-113 ; Sous la direction de M. di Giampaolo et A. Muzzi, Il Parmigianino e il fascino di Parma, Florence, musée des Offices, 2003, n°44, fig. 58, p. 86 et 87 ; A. Gnann, Parmigianino : die Zeichnungen, Petersberg, 2007, volume 1, fig. 89.