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Sam Szafran

Paris, 1934 – Malakoff, 2019

 

Gisant, 1967

 

Fusain

783 x 580 mm

Signé en bas à gauche : Szafran

 

Exposition

Fusains 1967-1970, Paris, Galerie Claude Bernard, 1970 (sans catalogue)

 

 

Après une enfance difficile, marquée par la mort de son père et un déracinement précoce en Espagne, en Suisse et en Australie, Sam Szafran rentre en France en 1951 pour s’inscrire aux cours de dessin de la Ville de Paris. Se formant ensuite auprès d’Henri Goetz à l’académie de la Grande Chaumière, Sam Szafran débouche tout naturellement sur l’abstraction lyrique. C’est pour l’abandonner en 1958, c’est-à-dire au moment où elle triomphe. Du même mouvement, il abandonne aussi la peinture pour le dessin, l’huile pour le fusain. En 1965, le marchand Jacques Kerchache lui offre sa première exposition personnelle. Il inspirera à l’artiste en 1971 la série des Portraits de Jacques, où le visage n’occupant que le milieu de la feuille de papier ou à ses marges est réduit à quelques traces. A la même époque, Szafran s’éprend de ce médium un peu délaissé par les contemporains, le pastel. Débutent alors les séries des Escaliers et des Ateliers, mais aussi les représentations de plantes, les feuillages matissiens qui font partie de son entourage familier. En 1974, Szafran s’installe à Malakoff, dans une ancienne fonderie, où il vit et travaille depuis lors jusqu’à sa récente disparition. Des œuvres de l’artiste sont présentes au Musée national d’art moderne et dans la plupart des grands musées européens. Plusieurs rétrospectives lui ont été consacrées, au Max Ernst Museum de Brühl en 2010 et à la Fondation Pierre Gianadda de Martigny en 2000 et 2013.

 

En 1967, au sortir d’une grave dépression qui l’empêche de travailler pendant un an, Szafran recommence à dessiner des fusains sur de grandes feuilles de papier : son atelier avec une accumulation de cadres, chevalets et plantes vertes, des portraits (Martin Dieterle, sa femme Lilette) et d’étranges gisants nus, allongés à contre-jour sous une architecture de poutres. Le lieu est la mezzanine de l’atelier de la rue Castagnary, près des abattoirs de Vaugirard, un box-garage coupé d’une mezzanine à laquelle on accédait par une échelle de meunier. L’homme est Antoine Mosin, un acteur très proche de Szafran à cette époque. Comme le dit si bien Jean Clair, « flottant sur le blanc du papier, comme des corps rejetés sur le sable, [les Gisants] ne sont supportés que par un fin échafaud de traits entrecroisés. Une rambarde les protège du vide »[1]. Notre Gisant, saisi en quelques traits puissants de fusain est très proche de feuilles de la même série comme Homme allongé, un dessin destiné à la couverture de la revue de poésie La Délirante (n°1, 1967, Paris, Musée national d’Art moderne, fig. 1) et de Gisant, 1968 (collection Lilette Szafran, fig. 2). Cette manière de travailler par répétition est typique de l’œuvre de Szafran : « L’œuvre singulière de Szafran ne se répète pas. Elle reprend, elle insiste, elle revient, elle cherche, dans une durée concrète et toujours changeante, vivante et menacée, à saisir ce “peu de temps à l’état pur” qui lui assurera une survie »[2].

 


[1] J. Clair, Sam Szafran, Genève, 1996, p. 100.

[2] Ibidem.



 
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