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François Louis Français

Plombières, 1814 – Paris, 1897

 

Les Ruines du château de Pierrefonds, vers 1855

 

Aquarelle et gouache

267 x 205 mm

Signé en bas à droite : Français

 

Provenance

collection Alain Letailleur, 1997

 

Bibliographie

R. Conilleau, Louis Français, peintre de la nature, 1814-1897, Sarreguemines, 1997, p. 68, repr.

 

Fils d'un marchand-mercier des Vosges, Louis Français est à Paris en 1829. D'abord commis-libraire, il travaille ensuite dans une fabrique de vitraux. Henri Baron, rencontré à l'académie Suisse, l'incite à s'inscrire à l'atelier de Jean Gigoux, originaire comme eux de l'Est. Graveur sur bois, il débute une carrière prometteuse d'illustrateur, collaborant avec Célestin Nanteuil, Tony Johannot et Grandville. Mais déjà, on le trouve travaillant sur le motif en forêt de Fontainebleau et, en 1833, il décide de se consacrer à la peinture. Il fréquente Paul Huet, Cabat, Caruelle d’Aligny et sympathise en 1836 avec Corot dont il subira durablement l'influence, surtout dans ses paysages composés où il marie la mythologie à une vision très fraîche de la nature. L’année 1837 voit ses débuts au Salon, où il exposera jusqu’en 1896. Il montre une prédi­lection pour les bords de Seine, Saint -Cloud, Sèvres et sur­tout Bougival où il a acheté un bateau avec Célestin Nanteuil. Ses nombreux voyages en Italie, en France (Dauphiné et Savoie, Normandie, Alsace et Bretagne) ou encore l’Algérie en 1875 lui fournissent les motifs de ses toiles et aquarelles. En 1889, l’enfant du pays revient à Plombières, dans la maison que lui a construite son ami Ballu, architecte de l’église de la Trinité, auquel il doit la commande de ses seules peintures religieuses. Enfin élu à l’Académie des Beaux-Arts en 1890, il est le premier pay­sagiste admis à l'Institut.

 

Gigantesque forteresse construite à la fin du XIVe siècle par Louis d’Orléans, frère de Charles VI, le château de Pierrefonds fut assiégé puis démantelé au début du XVIIe siècle par Louis XIII. Pendant près de deux siècles, les ruines de l’ancienne forteresse dressèrent leur imposante silhouette sans que personne ne s’en préoccupât. A la fin du XVIIIe et au début XIXe siècle, le Romantisme naissant et le regain d’intérêt pour les monuments nationaux et les vestiges du passé, ramenèrent le château de Pierrefonds en pleine lumière. Peintres, dessinateurs et graveurs y trouvèrent un sujet d’inspiration en total accord avec leur soif d’archéologie nationale. Inscrites sur la liste des monuments historiques en 1848, les ruines sont visitées par le prince-président Louis Napoléon, féru d’archéologie, en juillet 1850. Quelques années plus tard, devenu Napoléon III, il émit le souhait de faire restaurer ce château qui se trouvait si près de la résidence impériale de Compiègne. C’est ainsi que Viollet-le-Duc, par l’entremise de Mérimée, fut chargé des travaux en 1857. Mais finalement, ce n’est plus une restauration qu’entreprend Viollet-le-Duc mais une véritable reconstruction : le château de Pierrefonds devient alors un lieu de villégiature réservé aux divertissements de la cour, en l’occurrence la chasse. Viollet-le-Duc a exprimé à Pierrefonds la synthèse de ses conceptions en matière de restauration : restaurer un édifice « c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné », écrit-il en 1866 dans son Dictionnaire raisonné de l’architecture. Il a « recréé » un château qui, loin d’être un pastiche fantaisiste, est plutôt une libre interprétation de l’époque médiévale.

 

Si les vues du château de Pierrefonds reconstruit ne sont pas rares (Français lui-même a réalisé au début des années 1880 deux peintures et une aquarelle sur ce sujet, conservés dans des collections particulières), il est plus rare de trouver des représentations des ruines du château médiéval. S’attachant à une des anciennes tours d’enceinte envahie par la végétation, Français restitue ici à merveille le mélange de grandeur et de désolation qui faisait tout le charme du site avant sa reconstruction.

 



 
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