
Hugo d'Alesi
Hermannstadt, 1849 – Paris, 1906
Portrait de l’au-delà, 1901
Fusain
310 x 195 mm
Signé et daté en bas à gauche : 24 Avril 1901 / Médium / F. Hugo d’Alesi
Au verso, étiquettes anciennes : Hugo d’Alesi (1849-1906) était un artiste fort connu, à la fin / du siècle dernier, grâce à ses affiches en couleurs, lithographiées / pour les compagnies de chemins de fer et qui représentaient les sites / pittoresques de la France. Etant spirite, il exécuta par ailleurs, / en état de transe, dans l’obscurité la plus complète et souvent en travaillant des deux mains, de nombreux dessins médiumniques et Dessin médiumnique signé Hugo d’Alesi, médium et daté du / 24 avril 1901. / Rare œuvre spirite d’Hugo d’Alesi représentant une tête / barbue sortant de l’obscurité avec, en bas un ligne / d’écriture cryptique.
D’origine roumaine et ingénieur de formation, Hugo d’Alesi dirige la construction des quais de Smyrne lorsqu’il délaisse tout pour la peinture. Il visite l’Italie puis arrive en Paris où il décide de s’installer en 1876. En France, Alesi se fait remarquer grâce à ses dessins de vues panoramiques qu’il exécute avec beaucoup d’exactitude dans plusieurs villes. Les compagnies de chemins de fer lui commandent alors des affiches avec paysages pour lancer leurs stations alpestres et balnéaires et il devient ainsi l’un des premiers peintres à se spécialiser dans l’affiche touristique. La presse loue ses affiches qui « égaient de paysages éclatants la tristesse enfumée des gares ». Son style se distingue en effet par une palette colorée et une composition précise où le texte publicitaire vient se fondre harmonieusement. En 1900, il présente à l’Exposition universelle le Maréorama, dernier avatar du panorama, où les spectateurs, placés sur un bateau auquel il était imprimé un mouvement de marée, regardaient défiler des toiles peintes de paysages !
Le spiritisme, doctrine fondée sur les manifestations et l’enseignement des esprits, nait aux Etats-Unis et en France vers le milieu du XIXe siècle. Codifié par Allan Kardec dans son Livre des esprits (1857), ce courant de pensée est fondé sur la croyance que certains phénomènes paranormaux sont le moyen pour des entités de l’au-delà appelés « esprits », le plus souvent des personnes décédées, de communiquer avec les vivants. La communication se fait le plus souvent par des sujets en état de transes (médiums) ou par des supports inanimés (tables tournantes notamment) mais elle peut également se faire par le biais d’œuvres d’art comme des dessins ou des peintures. Des artistes comme Victor Hugo, Victorien Sardou ou, plus tard, Augustin Lesage, ont joué un grand rôle dans l’émergence et le développement de spiritisme et de la profession de voyant.
Certains artistes médiumniques ont la faculté de réaliser des portraits de personnes décédées, guidé par l’esprit du défunt depuis l’au-delà. Ainsi de Fernand Desmoulin (1853-1914), peintre, graveur et médium (Le Borgne, Brantôme-en-Périgord, musée Fernand Desmoulin). C’est également le cas d’Hugo d’Alesi dont l’activité de médium est peu connue. Ici, dans notre Portrait de l’au-delà, la figure d’un homme barbu semble sortir de l’ombre. La silhouette vaporeuse tracée par une main fiévreuse émerge de l’obscurité. En bas, une inscription illisible a été tracée en écriture automatique, sous l’influence de la transe. La date, la signature et l’indication Médium ont probablement été ajoutés par d’Alesi après la séance. Notre dessin est une parfaite illustration de ce monde qu’évoque Henri Michaux dans ses poèmes intitulés L’Espace du dedans, celui des voix intérieures.