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Léon Bonnat

Bayonne, 1833 – Monchy-Saint-Éloi, 1922

 

Vue des murailles de Jérusalem (angle sud-ouest), 1868

 

Huile sur toile

15 x 33 cm

Signé en bas à droite : L Bonnat

Annoté en bas à gauche : Jérusalem

 

 

La famille de Léon Bonnat s’est établie en Espagne en 1847 et c’est à Madrid, devant les Vélasquez et les Ribera du Prado, que le jeune homme éprouve ses premières émotions artistiques, stimulé par les leçons qu’il reçoit de Federico de Madrazo à la Real Academia de Bellas Artes de San Fernando. À son retour à Bayonne, le conseil municipal lui octroie une bourse qui lui permet de s’inscrire à l’École des beaux-arts de Paris dans l’atelier de Léon Cogniet. Déçu par un second prix de Rome au concours de 1857, Bonnat décide de se rendre à ses frais en Italie, où il séjourne de 1858 à 1861. À son retour, il remporte un grand succès au Salon de 1863 avec sa Pasqua Maria, sujet populaire italien. Mais ce sont surtout ses portraits qui assureront sa renommée, notamment après le triomphe de son Adolphe Thiers en 1877. De Victor Hugo à Pasteur en passant par Félix Faure, Ferdinand de Lesseps ou le cardinal Lavigerie, vont ainsi défiler sous son pinceau toutes les gloires de l’industrie, de la finance, de la politique et du monde des arts. Cette réussite, Bonnat la consacre à sa collection, la vraie passion de sa vie. Amassant un prodigieux ensemble de dessins, de tableaux et de sculptures, de la Renaissance aux modernes, il en lèguera la majeure partie à la ville de Bayonne en reconnaissance de l’aide reçue dans sa jeunesse.

 

En 1868, Jean-Léon Gérôme organise un voyage d’étude au Moyen-Orient pour un groupe d’artistes : Léon Bonnat en fait partie. En janvier, le groupe quitte Marseille pour naviguer vers Alexandrie, avant d’arriver au Caire. De là, après avoir visité le monastère Sainte-Catherine dans le Sinaï puis Pétra, ils arrivent devant Jérusalem le 3 avril. Dans son journal, l’artiste hollandais Willem de Famars Testas, un des participants au voyage, note à cette date : « Le premier aspect de Jérusalem était saisissant : la ville éclairée par le soleil, se détachait sur un ciel d’orage violet, le paysage environnant enveloppé dans l’ombre des nuages[1]. » C’est sous le choc de cette découverte que Bonnat réalise quelques rares vues de Jérusalem dont deux seulement représentant les murailles de la cité, celle que nous présentons et une vue conservée en collection particulière[2]. Ici, il a installé son chevalet au sommet du faubourg de Mishkenot Sha’ananim, premier quartier juif construit à l’extérieur des murs de Jérusalem à partir de 1860. Au loin, l’angle sud-ouest des fortifications ottomanes de la vieille ville ; tout autour, des champs d’oliviers[3]. Rapidement brossée sur le motif, avec une gamme de coloris restreinte à un jeu de bleu, ocre et vert d’un raffinement extrême, baignée d’une lumière forte qui évoque parfaitement l’éclat du Proche-Orient, notre Vue de Jérusalem révèle ainsi la sensibilité toute particulière de Léon Bonnat pour le paysage, l’une des expressions les moins connues de son œuvre.

 


[1] W. de Famars Testas, De Schilderskaravaan,1868, Leiden, 1992, p. 115 cité par J.-L. Andral et Y. Fischer, Album de voyage. Des artistes en expédition au pays du Levant, Paris, 1993, p. 156.

[2] Nous connaissons également une Vue de la route de Hébron à Jérusalem (Riom, musée Francisque Mandet) et une Vue du Mont des Oliviers (Bayonne, musée Bonnat). En 1870, l’artiste a également exposé au Salon « Une rue à Jérusalem » (localisation inconnue). Selon A. Fouquier, le biographe de Bonnat, l’artiste aurait rapporté de son voyage soixante-douze études à l’huile de petites dimensions.

[3] La construction, à partir de 1900, de l’église de la Dormition et du monastère de Sion, a profondément transformé cette partie de la ville.



 
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