Pierre Bonirote
Lyon, 1811 â Orliénas, 1891
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La Tribune des orateurs sur la Pnyx, Athènes, 1842
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Huile sur papier marouflé sur carton
23 x 31 cm
Signé et daté (?) en bas à gauche : P.B. / â¦
Signé et annoté au verso : La tribune à Athènes / P. Bonirote
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Åuvre en rapport
La Romaïka, danse grecque, à la tribune aux harangues, à Athènes (Nicosie, fondation de lâarchevêque Makários III)
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Entré en 1824 à lâÃcole des beaux-arts de Lyon, Bonirote se forme auprès de Revoil et de Bonnefond. Lauréat du prix de peinture en 1832, il commence à exposer au Salon de Lyon à partir de lâannée suivante. Entre 1836 et 1839, il séjourne à Rome où il retrouve son ami Hippolyte Flandrin, élève à lâAcadémie de France à Rome. Câest lors dâun deuxième séjour à Rome, en 1840, que la duchesse de Plaisance[1] â sur les conseils dâIngres, alors directeur de lâAcadémie de France à Rome â lui propose de fonder, sous les auspices du roi Othon de Grèce, une école de peinture à Athènes. Bonirote reste trois ans en Grèce mais sa qualité de professeur étranger suscite lâhostilité et entraîne son retour à Lyon. Là , il reprend sa carrière de peintre de genre et dâhistoire, exposant dans sa ville natale et à Paris de nombreuses Åuvres inspirées par son voyage au Levant.
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En 1842, Bonirote réalise son premier tableau à sujet grec, La Romaïka, danse grecque, à la tribune aux harangues, à Athènes (Nicosie, fondation de lâarchevêque Makários III, fig. 1), exposé avec succès au Salon de Lyon la même année : cinq jeunes femmes exécutent les figures de la romaïka, danse folklorique grecque, au son dâun fifre et dâun tambour. Plusieurs voyageurs évoquent cette danse et sa musique, comme Léon Belly qui confie à sa mère, dans une lettre envoyée de Constantinople le 24 novembre 1850, que lâair de la romaïka est « assez amusant, bien quâil blesse le tympan dâun bout à lâautre[2] ». Autour des danseuses, des bergers ; au second plan se dresse lâAcropole, tandis que sur la droite sâélève le mont Hymette. La Romaïka a été soigneusement préparée ; on connaissait jusquâà présent une étude pour lâAcropole, conservée au musée Ingres à Montauban. Notre huile sur papier constitue une seconde étude, centrée sur le mont Hymette et la tribune des orateurs. Cette dernière, dont il ne reste que les marches dâaccès, se situe sur les flancs de la colline de la Pnyx (« lâendroit où lâon se tient serré »). Elle permettait aux tribuns de sâadresser à lâEcclésia, assemblée des citoyens, qui votait les lois et le budget de la ville, élisait les magistrats ou désignait les membres de la Boulé (Conseil). Ce lieu chargé dâhistoire a fasciné les artistes européens comme Théodore Caruelle dâAligny ou Ãdouard Bertin qui découvrent la Grèce dans les années 1840[3]. Bonirote accorde une attention particulière à la description des rochers et du terrain, en adoptant un cadrage inattendu centré sur lâemmarchement de pierre. Le coloris dâune grande sobriété, privilégiant les tons de terre et dâocres, la lumière forte coupant la composition en deux parties, tout concourt à déterminer une atmosphère sereine et minérale. Lâimpression de grandeur et de majesté qui se dégage de lâensemble permet dâévoquer un des plus célèbres sites grecs mais aussi lâAthènes démocratique de Périclès.
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[1] Ardente philhellène, Sophie de Marbois, épouse dâAnne-Charles Lebrun, duc de Plaisance, général et gouverneur de Hollande sous lâEmpire, sâest installée en 1830 à Athènes où elle se fait connaître par ses activités philanthropiques.
[2] C. Peltre, LâAtelier du voyage, les peintres en Orient au xixe siècle, Paris, 1995, p. 52.
[3] Caruelle dâAligny visite Athènes en 1843 et réalise une eau-forte de la Pnyx (pl. 1 de sa suite Vues des sites les plus célèbres de la Grèce antique) ; un dessin de Bertin, qui séjourne en Grèce à la même époque, représente le même site et se trouve conservé à la Fondation Custodia à Paris (Art sur papier. Acquisitions récentes, Paris, Fondation Custodia, 2018, n° 3).


