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Louis Roland Trinquesse

Paris, vers 1746 – 1800

 

La Pensive, vers 1775

 

Sanguine

325 x 230 mm

Numéroté en bas à droite : N°33

 

 

Malgré l’importance de sa production, la biographie de Louis Roland Trinquesse reste encore très mystérieuse. On le suppose d’origine bourguignonne, fils d’un peintre de portraits, élève de Nicolas de Largillière, mais établi en Flandre et inscrit à l’académie de La Haye en 1768. Un an plus tard, il est inscrit à l’école du modèle de l’Académie de peinture et de sculpture de Paris où il remporte une première médaille en octobre 1770. Il refusa, semble-t-il à plusieurs reprises, d’intégrer la prestigieuse Académie royale, ce qui lui aurait ouvert les portes du Salon, préférant exposer au Salon de la Correspondance de 1779 à 1793 puis au Louvre entre 1791 et 1793. Ses thèmes favoris, la scène galante et le portrait, sont traités aussi bien en peinture qu’en dessin. Trinquesse fut également un admirable peintre de portraits, notamment de petits portraits en médaillon, d’une précision de graveur, sur le prototype mis à la mode par Charles-Nicolas Cochin ou Augustin de Saint-Aubin. Sa dernière œuvre connue est datée de 1797 et on situe son décès vers 1800.

 

Trinquesse est aujourd’hui connu essentiellement pour ses magnifiques sanguines à sujets féminins, datables entre 1770 et 1780, dont notre feuille est un admirable exemple. Les jambes croisées, une jeune femme est représentée de trois quarts, les yeux baissés dans une attitude de rêverie. Sa silhouette se détache sur un fond de hachures vigoureuses. D’un trait plus fin, l’auteur détaille avec soin les ornements de sa coiffe et de sa chevelure. L’angle légèrement en surplomb met en valeur la cascade de plis de sa robe, ce que renforce la lumière provenant de la gauche. L’attention portée par Trinquesse au rendu des tissus a suscité un débat pour savoir si ces esquisses auraient pu être utilisées pour des illustrations de mode, mais à l’heure actuelle aucune gravure d’après un dessin de Trinquesse n’est connue. On retrouve souvent les mêmes accessoires chez Trinquesse, comme ici la chaise cannée et la petite table sur laquelle la jeune femme est accoudée que l’on retrouve notamment dans une feuille conservée à la Pierpont Morgan Library. 

 

Notre dessin appartient à un groupe de dessins numérotés de 1 à 58 dans l’angle inférieur droit, et dont les dimensions sont souvent proches. Nous pouvons supposer que cette série de dessins faisait partie d’un album aujourd’hui démembré. Dans son article fondamental sur l’artiste, Jean Cailleux identifie, à partir de portraits en médaillon, trois modèles de l’artiste, Marianne Franmery, Louise Charlotte Martini et Nicolle Elisabeth Bain[1]. La coiffure à l’anglaise, la touffe de cheveux au-dessus du front, ou encore les sourcils arqués de la jeune femme, pourraient rapprocher La Pensive de la physionomie de Marianne Franmery mais ces rapprochements restent cependant difficiles à établir. Dans ces dessins, Trinquesse ne s’est pas forcément attaché à reproduire une physionomie, comme le souligne Goncourt en évoquant le dessinateur : « crayonneur à la sanguine qui a laissé un certain nombre d’études de femmes saisies d’après nature dans leur ajustement et leur accommodement du jour, et qui trouve ou surprend parfois par de jolis mouvements »[2].

 


[1] J. Cailleux, « The drawings of Louis Roland Trinquesse and his female models », L’Art du Dix-huitième Siècle, Supplement to The Burlington Magazine, n°30, février 1974, p. ii-vii.

[2] E. de Goncourt, La maison d’un artiste, G. Charpentier, Paris, 1881, p. 164.



 
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