
Nicolas René Jollain
Paris, 1732 – 1804
Etude de femme nue, assise, tournée vers la gauche, vers 1775
Pierre noire, sanguine et rehauts de craie blanche
415 x 305 mm
Nicolas-René Jollain, dit le Jeune, est issu d’une famille d’artiste. Dès son plus jeune âge, il se forme dans l’atelier paternel avant d’intégrer celui du peintre Jean-Baptiste Marie Pierre avec qui il tissera des liens d’amitié. En 1754, le jeune Jollain remporte le second grand Prix de Rome derrière Jean-Pierre Chardin, fils du célèbre peintre de natures mortes. Spécialiste de la grande peinture d’histoire, membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture dès 1765, Jollain obtient des commandes prestigieuses pour le Petit Trianon à Versailles, Bellevue ou encore la chapelle du château de Fontainebleau. En parallèle, il expose régulièrement au Salon de 1767 à 1791. Jollain devient Garde du Musée du Roi en 1788, puis membre de la commission du Musée National en 1792, avec François-André Vincent et Jean-Baptiste Regnault. Après la Révolution, Jollain fut largement oublié ; cet artiste doit cependant être considéré comme l’un des figures majeures de la transition entre l’art rocaille et le néoclassicisme français.
Notre Etude de femme nue est à rapprocher de tableaux à sujet mythologique que Jollain présente au Salon autour de 1770. Notre feuille est caractéristique du style de Jollain, marqué par la théâtralité des gestes, l’arrondi des visages et les doigts effilés. Le peintre témoigne dans ce dessin de sa sensibilité au corps féminin. Le visage de la jeune femme, à la bouche légèrement entrouverte, exprime son étonnement, ce que renforce le geste de sa main gauche aux doigts dépliés. Jollain utilise la pierre noire pour dessiner la silhouette de la jeune femme et esquisser rapidement les ombres. A la sanguine, il reprend les détails de son corps et renforce subtilement les effets de lumière par quelques traits de craie blanche. On retrouve ce traitement dans d’autres feuilles de l’artiste comme dans une Jeune femme tenant une guirlande roses (collection particulière).
L’élégance de la pose et de la mise en page, la fluidité du trait et le traitement subtil de la lumière obtenu par une grande virtuosité dans le jeu de la sanguine et de la craie font de cette étude une œuvre à part entière. Ce type d’étude était très apprécié des amateurs, ce qu’atteste les nombreuses gravures diffusant les dessins de nu féminin de François Boucher. Ces œuvres ont d’ailleurs pu influencer Jollain dans le choix de ses modèles, qui évoquent le canon féminin de Boucher, et la manière de les faire poser.
Nous remercions MM. Jérôme Montcouquiol et Jean-Christophe Baudequin qui nous ont aimablement confirmé l’attribution de ce dessin et nous ont fourni des éléments précieux pour la rédaction de cette notice.