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Bernard Boutet de Monvel

Paris, 1881 – mort dans un accident d’avion en 1949

 

Delfina Boutet de Monvel, 1922

 

Mine de plomb

480 x 270 mm

Monogrammé en bas à gauche

 

Provenance

Atelier de l’artiste

Galerie de la Scala, 2001

Olivier Debouzy, Paris

Collection particulière

 

 

Élève de son père Maurice, peintre et illustrateur pour enfants, puis de Luc-Olivier Merson et de Jean Dampt, Bernard Boutet de Monvel se destine à devenir peintre très jeune. Ami du graveur et imprimeur Eugène Delâtre, il commence à se faire connaître avec une série d’eaux-fortes et aquatintes imprimées en couleurs. À partir de 1903, Boutet de Monvel expose ses peintures, des paysages et des portraits très colorés et parfois influencés par l’esthétique pointilliste. Petit à petit, l’artiste introduit dans ses œuvres la règle et le compas et tend dès 1909 à une vision géométrique de la nature. Cette manière, qui pose les fondements de ce que sera plus tard la peinture Art déco, lui assure un grand succès, notamment dans le domaine du portrait. Pour subvenir à ses besoins, l’artiste réalise également de manière régulière des illustrations humoristiques et des dessins de mode pour des revues comme Femina ou La Gazette du bon ton. Après trois années de guerre passées dans l’aviation, où son courage est salué à de nombreuses reprises, Boutet de Monvel s’installe en juin 1917 au Maroc où, à la demande du maréchal Lyautey, il reprend ses pinceaux pour célébrer Fès et Marrakech. À partir de 1918, l’artiste revient à sa carrière de portraitiste qui connaît une grande ampleur, en particulier aux États-Unis où l’artiste se rend chaque année à partir de 1926. Ses modèles ont alors pour nom Frick, Astor, Vanderbilt ou le maharadjah d’Indore, tous membres de la café society américaine dont Boutet de Monvel devient lui-même un pilier. Resté à Paris pendant le second conflit mondial, Boutet de Monvel reprend ses voyages à partir de 1946. C’est lors d’un de ces voyages entre Paris et New York qu’il meurt en octobre 1949 dans le crash de son avion.

 

Issue d’une fameuse famille chilienne, Delfina Edwards Bello (1896-1974) est la fille du banquier Joaquin Edwards Garriga et d’Ana Luisa Bello Rozas, dont l’aïeul, Andres Bello (1781-1865), est l’un des humanistes les plus importants d’Amérique du Sud. Le frère de Delfina, Joaquin Edwards Bello (1887-1968) est l’un des grands écrivains chiliens du XXe siècle. En avril 1921, elle épouse Bernard Boutet de Monvel, après que le frère de ce dernier, Roger, les eut présentés à Biarritz en 1917. Particulièrement férue de mode – ses tenues sont régulièrement commentées par Vogue – elle s’habille chez Jeanne Lanvin mais aussi chez Jean Patou, Paul Poiret et, plus tard, chez Robert Piguet. Exécuté en 1922, juste après la naissance en leur fille unique, Sylvie, ce dessin nous montre Mme Boutet de Monvel debout dans un intérieur, les mains jointes sur un livre reposant sur une commode à décor de laque. Notre dessin est préparatoire pour un autre dessin de plus grande taille, aquarellé, conservé dans une collection particulière[1]. Il n’est pas impossible que Boutet de Monvel ait pensé réaliser une paire de portraits de lui-même et de sa femme de format vertical car on connaît également un Autoportrait à la commode, conservé jusqu’à très récemment dans l’atelier de l’artiste[2] où l’on retrouve un meuble très proche. Dans notre portrait de Delfina, on retrouve la manière géométrisée de dessiner de l’artiste, où les figures sont essentiellement traitées en arc de cercle et en aplats. Cet art si particulier donne une force et une acuité particulière à notre portrait et provoque chez le spectateur, notamment grâce au rendu hyperréaliste du visage, un choc esthétique et une légère angoisse, parfaitement voulue.

 


[1] Crayon noir et aquarelle, 550 x 455 mm, collection particulière (S.-J. Addade, Bernard Boutet de Monvel, Paris, 2001, p. 197).

[2] Sotheby’s, Paris, Collection Boutet de Monvel, 5 et 6 avril 2016, n°230.



 
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