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Nicolas Abildgaard

Copenhague, 1743 – 1809

 

Apollon implorant pour la vie d’Admète auprès des Parques, 1809

 

Pierre noire, plume et encre de Chine

148 x 168 mm

 

Œuvre en rapport

Apollon implorant pour la vie d’Admète auprès des Parques, huile sur toile

(Copenhague, Statens Museum for Kunst)

 

 

Abildgaard débute son apprentissage auprès de son père Sören avant de poursuivre son éducation artistique, basée sur l’étude du modèle vivant, à l’Académie de Copenhague. En 1771, il part pour l’Italie où il réside près de dix ans pour étudier les maîtres et l’Antiquité. Lors de son séjour à Rome, il est probable qu’il a participé aux classes du modèle vivant de l’Académie de France encore située au Palais Mancini. Lié d’amitié avec le sculpteur suédois Johan Tobias Sergel et avec le peintre suisse J.H. Füssli, importateur en Italie de l’esprit romantique du Sturm und Drang, Abildgaard cultive rapidement le goût des effets anatomiques très poussés, langage plastique exalté qui culminera dans son Philoctète blessé de1775 (Copenhague, Statens Museum for Kunst). De retour à Copenhague en 1778, il est nommé professeur de la classe du modèle vivant à l’Académie royale des Beaux-arts et obtient aussitôt la commande d’une série de vingt-deux grandes peintures représentant l’histoire danoise pour le château de Christiansborg. Directeur de l’Académie des Beaux-arts à deux reprises, Abildgaard a été un personnage prépondérant de la vie artistique danoise, mais vivait très en retrait, travaillant chez lui et pour lui à des compositions historiques inspirées par Ossian ou Shakespeare ou à des illustrations pour des ouvrages comme le romain utopique de Ludvig Holberg, Le Voyage souterrain de Niels Klim.

 

Dans les dernières années de sa vie, Abildgaard revient vers des sujets d’histoire où les histoires d’amour de l’Antiquité occupent une place de choix. C’est ainsi qu’il réalise en 1809, dans la dernière année de sa vie, un tableau traditionnellement intitulé Apollon chargeant les Parques de visiter Cérès, qui a fui la Terre (Copenhague, Statens Museum for Kunst, inv. 3342), sujet qui n’a cependant pas de source littéraire. Le tableau, qui représente Apollon devant les trois Parques dans les entrailles du Mont Parnasse, doit plutôt représenter le dieu plaidant devant les maitresses de la vie humaine pour que le fil de la destinée de son ami Admète, gravement malade, ne soit pas tranché trop tôt. On remarquera, dans la peinture, la parque Morta (ou Atropos) qui s’apprête à couper le fil de la destinée.

 

Notre dessin est une très belle étude, au tracé impétueux, pour ce tableau, probablement la première idée de composition. La disposition en frise est typique des œuvres de l’artiste mais Abildgaard ne place ici que deux Parques au lieu de trois, la troisième étant évoquée par une figure très esquissée placée en haut. La figure d’Apollon sera retravaillée dans une feuille aujourd’hui conservée à la Fondation Custodia[1]. L’exécution de notre dessin est caractéristique de l’art d’Abildgaard qui jette ses traits d’une main sûr et vive de manière à évoquer formes et tension dramatique. La fermeté des lignes, les mains aux longs doigts dessinés d’un trait rapide et ferme mais surtout les visages aux nez droits se retrouvent dans maintes feuilles de l’artiste.

 

Nous remercions Monsieur Thomas Lederballe, conservateur au Statens Museum for Kunst de Copenhague pour son aide dans la réaction de cette notice.

 


[1] Homme nu, debout, vers la gauche (Apollon), plume et encre brune, lavis brun et rehauts de gouache blanche sur esquisse au crayon, 192 x 127 mm (De Abildgaard à Hammershoi – 75 dessins danois, Paris, Fondation Custodia, 2007, n°4).



 
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