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François Lucas

Toulouse, 1736 – 1813

 

Portrait d’homme en costume de l’époque révolutionnaire, vers 1795

 

Médaillon en terre cuite

Signé en bas vers la droite : F. Lucas

Annoté le long du bord : Franciscus / ….

Diamètre 19 cm

 

 

Fils du sculpteur Pierre Lucas, François Lucas se forme auprès de son père avant d’entrer à l’école de l’Académie des arts de Toulouse où il remporte le premier prix de sculpture en 1761 avec son bas-relief David et Abigaïl. Reçu dans cette institution deux ans plus tard, il y exercera ses talents de pédagogue comme professeur de dessin et de sculpture durant une quarantaine d’années. Très rapidement, le talent de Lucas évolue dans le sens d’un retour à l’antique, à l’exemple de Edme Bouchardon ou d’Etienne Falconet dont il se procure dessins et moulages qu’il présente dans les salons de l’Académie. Son amour pour l’Antiquité le pousse à faire deux séjours en Italie, en 1766 et en 1773-1774, d’où il rapporte médailles, inscriptions et bustes mais aussi des blocs de marbre choisis dans les carrières de Carrare. Son talent incontesté lui vaut la confiance de nombreux amateurs pour lesquels il réalise bustes et monuments funéraires. Lucas est également régulièrement sollicité pour des commandes monumentales toulousaines comme le grand bas-relief de marbre des Ponts-Jumeaux, commande des États de Languedoc en 1771, le maître-autel de l’église Saint-Pierre des Chartreux (1780-1785) ou les statues de la porte Saint-Cyprien (1777-1782).

 

Si Lucas s’est enorgueilli d’avoir été le premier sculpteur toulousain à produire un grand nombre d’œuvres en marbre[1], il est aussi réputé pour ses sculptures en terre cuite, comme l’attestent les rares vestiges, conservés au musée des Augustins de Toulouse, de l’important ensemble de sculptures réalisées pour le baron Jean-Charles Ledesme, entre 1762 et 1798, pour les jardins et le château de Saint-Élix, près de Toulouse. Plus rares sont les portraits modelés en terre, comme notre Portrait d’homme, qui témoigne, par son format, du goût pour le « portrait à la silhouette » dont la vogue étonnante et rapide se répand à partir de 1760. Héritée des médailles et des pièces antiques, cette forme de portrait se développe aussi bien dans le domaine du dessin, de l’estampe que de la miniature. Pour ce qui est de la sculpture, l’artiste italien Giovan Battista Nini fut probablement le premier à adapter la représentation de profil à un support fragile et précieux comme la terre cuite. Bien plus tard, cette idée sera reprise, sur une grande échelle et en bronze, par David d’Angers, Barre ou Préault. Notre inconnu (le nom, malheureusement illisible aujourd’hui, était inscrit le long de la bordure), de profil à gauche, le front haut et le regard perdu dans le lointain, est vêtu avec recherche d’un habit et d’une chemise à cravate. Sa coiffure en catogan[2], aux cheveux ramenés sur la nuque et noués par un mince ruban, est typique de la période révolutionnaire. Au-dessus de cette coiffure, on distingue encore le petit trou qui permettait, à l’époque, de fixer directement l’œuvre au mur, sans cadre. L’utilisation de la terre cuite, plus propice que le marbre à exprimer la spontanéité du geste de l’artiste, permet à Lucas d’exprimer l’intelligence et la concentration du modèle. La finesse des détails retravaillés avec attention et patience à la pointe de l’ébauchoir, comme la chevelure ou le contour de l’œil, font de cette sculpture une miniature exquise et, très probablement, un hommage affectueux de l’artiste à son modèle qui devait être un intime.

 


[1] B. Bonnin-Flint, « Un inventaire des œuvres en marbre du sculpteur toulousain François Lucas (1736-1813) », Annales du Midi, n° 205, 1994, p. 73-78.

[2] Du nom du général et comte anglais William Cadogan (1675-1726), qui utilisa le premier ce moyen commode pour fixer ses cheveux longs.



 
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