Logo Gallerie Terrades
Petit logo Gallerie Terrades

Romain Cazes

Saint-Béat, 1808 – Saint-Gaudens, 1881

 

Christian de Corny à l’âge de 12 ans, 1858

 

Peinture à la cire sur pierre

Diamètre 55 cm

Signé en bas à droite : Romain Cazes

Annoté au verso : monsieur / Christian de Corny / né en 1845. Décédé en 1930. / peint à l’âge de 12 ans / en 1858

 

Provenance

Commandé par Charles Ethys de Corny (1804-1889)

Christian Ethys de Corny (1845-1930), son fils

Par descendance, collection particulière

 

Après une première formation auprès du peintre toulousain Joseph Roques, Romain Cazes entre dans l’atelier d’Ingres en 1829. Quelques années plus tard, en 1834, il se présente pour le prix de Rome, mais arrêté dès la première épreuve par une maladie soudaine, il renoncera alors aux concours de l’Ecole des Beaux-Arts. L’artiste débute au Salon en 1835 avec plusieurs portraits mais décide assez rapidement de se consacrer à la peinture religieuse comme en témoignent certains tableaux tels que Le Couronnement de la Vierge (Paris, musée du Louvre) ou L’Âme exilée (1838, Toulouse, musée des Augustins). À partir de 1850, Cazes se dédie essentiellement à la décoration murale : son premier chantier important est celui de l’église de Saint-Mamet, près de Bagnères-de-Luchon, dans les Pyrénées (1850-1851). Durant toute la période du second Empire, Cazes multiplie ainsi les ensembles impressionnants de peintures murales pour les églises de Sainte-Croix d’Oloron-Sainte-Marie dans les Pyrénées, de la Madeleine d’Albi, de Notre-Dame de Bordeaux, de Saint-François-Xavier ou de Notre-Dame-de-Clignancourt à Paris.

 

Les travaux religieux de Cazes n’empêchent pas l’artiste de se consacrer également au portrait. Il expose ainsi aux différents salons du second Empire de nombreux portraits parmi lesquels il faut remarquer le portrait de Melle de S…, peinture à la cire sur pierre au Salon de 1858 et l’année suivante les portraits de Mme S. de P. et de Melle Marie Paul, dans la même technique. La peinture à la cire est une technique ancienne, utilisée depuis l’Antiquité, qui consiste à utiliser des pigments délayés dans de la cire d’abeille fondue. Redécouverte à la fin du XVIIIe siècle, cette technique sera utilisée notamment lors du vaste chantier de Notre-Dame-de-Lorette par les peintres Orsel, Périn et Roger. Par la suite, Hippolyte Flandrin et Victor Mottez, tous deux élèves d’Ingres, l’utiliseront pour réaliser leurs décors muraux à Saint-Germain-des-Près et à Saint-Germain-l’Auxerrois. Tous ces artistes appréciaient les qualités particulières que la cire conférait aux peintures, tant au point de vue technique qu’esthétique : meilleure adhérence au support, résistance à l’humidité, matité satinée des teintes. Cazes utilisera régulièrement la peinture à la cire pour ses décors d’église mais son originalité est de l’appliquer également au portrait.

 

C’est le baron Charles Ethis de Corny (1805-1889), qui commande en 1858 à Cazes le portrait de son fils unique, Christian. Petit-fils du célèbre architecte Victor Louis (1731-1800) par sa mère Victoire Louis, Charles Ethis de Corny était receveur particulier des finances, installé à Amiens, mais nous ignorons tout des relations qu’il avait pu nouer avec Romain Cazes. Christian Ethis de Corny (Amiens, 1846 – 1930), représenté ici à l’âge de douze ans, sera par la suite avocat au barreau de Paris et deviendra bâtonnier de l’Ordre des avocats. Il épousera en 1877 Marie Le Lièvre de la Morinière (1853-1930) dont il aura cinq fils. Cazes choisit de le représenter dans un médaillon, reprenant cette formule célèbre inspiré des médailles de l’antiquité. Vêtu d’un sobre habit noir contemporain, l’enfant aux yeux bleus regarde vers la droite. Le rendu de la chevelure ou le modelé des chairs est saisissant, tout à fait dans la lignée de l’enseignement d’Ingres. Le fond d’un bleu profond, typique du rendu mat de la peinture à la cire, est particulièrement original et semble avoir été l’exclusivité de Romain Cazes. On le retrouve dans deux portraits en médaillon d’un homme et d’une femme (collection particulière). Ce format rond, ce fond sans aucune référence au contexte, parfaitement plat et abstrait, semblent être des références aux médaillons en terre cuite émaillée de Luca della Robbia comme le Portrait d’une femme (Florence, Museo nazionale del Bargello) ou à la série des fameux Enfants trouvés sur fond bleu réalisés par Andrea Della Robbia en 1487 pour la façade du Spedale degli Innocenti à Florence. On retrouve ici une autre des caractéristiques de l’ingrisme, celui de l’étude de la peinture et de la sculpture préraphaélite. L’ensemble confère à notre portrait une touche d’intemporalité.



 
Retour