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Jean-Baptiste Marie Pierre

Paris, 1714 – 1789

 

Paysage avec une maison de campagne, vers 1760

 

Pinceau et lavis d’encre de Chine sur préparation à la pierre noire

250 x 380 mm

 

En 1734, Pierre remporte le grand prix de peinture de l’Académie royale de peinture et de sculpture, à l’âge de vingt ans. Ce succès précoce lui permet de séjourner à l’Académie de France à Rome de 1735 à 1740. Agréé à l’Académie en 1741, reçu en 1742, adjoint à professeur en 1744, Pierre est le plus jeune concurrent choisi pour participer au concours de 1747, ce qui lui vaut d’être élu professeur en 1748. Ses œuvres présentées aux Salons témoignent de son éclectisme : les bambochades s’y mêlent aux grandes compositions historiques et aux œuvres mythologiques. A partir des années 1750, Pierre élargit le registre de son art aux grandes décorations. Pour le duc d’Orléans, dont il est le Premier peintre depuis 1752, il donne de nombreux dessins pour les nouveaux appartements du Palais-Royal où il peint une plafond représentant L’Apothéose de Psyché et achève en 1768 un grand plafond à cinq compartiments sur le thème de Renaud et Armide au château de Saint-Cloud. Il participe également à la décoration du cabinet du Conseil du roi au château de Fontainebleau, donne l’un des cartons de la tenture des Amours des dieux et réalise un vaste Jugement de Pâris pour Frédéric II de Prusse. Enfin, entre 1752 et 1757, il peint deux coupoles pour l’église Saint-Roch, dont une immense Assomption de la Vierge. En 1770, Pierre devient Premier peintre du roi, chargé du détail des arts et directeur de l’Académie. Réservant ses pinceaux à quelques commandes royales, il engage des actions essentielles pour défendre les artistes, pour réformer le fonctionnement de l’institution académique, pour mener à bien une importante politique de commandes royales et acquérir de nombreuses œuvres d’art qui intégreront le futur Museum.

 

Dans l’œuvre de Jean-Baptiste Marie Pierre, le paysage est encore mal connu. Pendant son séjour en Italie entre 1735 à 1740, il réalise plusieurs vues de Rome dont La Fontaine de l’Acqua Paola et Maisons dominant un embarcadère au bord du Tibre, conservés au musée du Louvre, offrent de bons exemples[1]. Pris par de nombreuses commandes de décors à son retour à Paris, Pierre n’a plus le loisir de se consacrer au dessin de paysage. Il semble toutefois y revenir dans les années 1760, considérant alors cette activité comme un délassement. Son ami Watelet achète à cette époque le jardin pittoresque du Moulin Joli situé au nord-est de Paris, près de Bezons Colombes, lieu de prédilection pour ses promenades. Par ailleurs, il fréquente également, à la même époque, le château de Marigny  et Ménars, sur l’invitation du directeur des Bâtiments du roi, le marquis de Marigny, qui aime à réunir des artistes dans ses lieux de villégiature.

 

On conserve de cette période plusieurs études, toutes exécutées à la sanguine brûlée, dont deux sont datés respectivement de 1758 et 1760 (musée Grobet-Labadié, Marseille et musée de Grenoble[2]). Sept d’entre elles conservées au musée Bonnat semblent constituer une série peut-être destinée à la gravure[3]. Notre dessin, inédit, est le seul à avoir été exécuté au lavis gris. Par sa facture et sa mise en page, il s’apparent parfaitement aux les autres dessins de paysage de Pierre. Mais contrairement aux autres feuilles, il semble avoir été fait sur nature et non recomposé en atelier, ce qui expliquerait la différence de technique.

 

Nous remercions M. Nicolas Sueur qui nous a aimablement confirmé l’attribution de ce dessin et nous a fourni des éléments pour la rédaction de cette notice.

 


[1] O. Aaron et N. Lesur, Jean-Baptiste Marie Pierre, Premier peintre du roi, Paris, 2009, n°D8, p. 318 et n°D10, p. 319.

[2] Ibidem, n°D328, p. 423 et n°D371, p. 437.

[3] Ibidem, n°D281-287, p. 409-410.



 
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